RDC: au moins cinq civils dont des déplacés tués lors des manifestations contre des casques bleus près de Goma, nouveau bilan 

Un blindé de la Monusco à Beni

Le bilan de nouvelles manifestations contre la Monusco qui ont éclaté mardi soir dans les groupements Munigi et Kibati, sur l’axe Goma-Rutshuru, dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu), est revu à la hausse. Selon les autorités administratives locales, au moins cinq civils dont des déplacés ont été tués et huit blessés enregistrés. 

« Il y a eu des altercations entre la population et le convoi de la Monusco qui venait de Rutshuru. C'est là que la population, plus précisément les déplacés qui sont dans le camp de Kanyaruchinya ont bloqué la route. Ils voulaient savoir qu'est-ce que la Monusco fait souvent à Rutshuru d'autant plus que le territoire est occupé par l'ennemi. Ils voulaient voir si elle ne transportait pas l'ennemi. Il y a eu incompréhension et puis la population a commencé à barricader la route et c'est là que la Monusco a commencé à tirer pour forcer le passager. Du côté population, on a perdu au moins cinq personnes et presque huit blessés. Il y a eu trois véhicules de la Monusco brûlés », a dit à ACTUALITE.CD, l’administrateur policier du territoire de Nyiragongo, le commissaire supérieur principal Iduma Molengo.

Ce nouveau bilan contredit celui de trois morts annoncé la veille par la Mission Onusienne.

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Les corps des civils décédés ont été déposés à la morgue de l'hôpital provincial du Nord-Kivu alors que les blessés ont été acheminés à l'hôpital Bethesda CBCA Ndosho.

Cette situation a causé une panique généralisée au Nord de Goma. Jusqu'à Ce matin, les habitants en colère ont barricadé la route pour protester contre la mort des civils, dont des déplacés de la guerre du M23, venus du territoire de Rutshuru et une partie de Nyiragongo. 

« Suite à la colère, la population a barricadé la route depuis hier soir jusqu'à ce matin. Des barrières ont été placées à partir de Kihisi, à l'entrée de Goma jusqu'à Kanyaruchinya et Kibati. Les mêmes déplacés qui ont posé des barricades sur la chaussée viennent de les enlever pour faciliter le passage des véhicules qui les approvisionnent en eau potable. Un problème de plus, ce sont des familles qui ont perdu les leurs qui se demandent comment est ce qu'ils vont les enterrer. Ils demandent l'implication du gouvernement », témoigne Innocent Banza, habitant de Munigi.

Le groupement Munigi fait parler de lui depuis la résurgence du M23 et surtout avec l’arrivée des déplacés en provenance de Rutshuru et Nyiragongo. En septembre et décembre, d'autres manifestations anti-Monusco ont eu lieu à Munigi. Au moins deux casques bleus et deux camions ont été incendiés. 

Mais bien avant, entre juillet et août 2022, les manifestations anti-Monusco enregistrées  dans plusieurs villes et agglomérations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avaient fait au moins trente-six morts dont quatre casques bleus et près de cent septante blessés, selon le bilan dressé par le gouvernement congolais.

Jonathan Kombi, à Goma