RDC: “une démocratie toujours plus mature, toujours plus transparente est un milieu dans lequel les conditions sont très favorables pour l’annonce de l’Évangile” (Nonce apostolique)

Le pape François sera en visite en RDC du 31 janvier au 3 février prochains. A l’occasion, ACTUALITE.CD a réalisé des entretiens avec quelques personnalités. Ce mardi, la rédaction vous propose l’essentiel de l’interview accordée par le nonce apostolique, Mgr Ettore Balestrero. Il répond ici à la question: Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que la CENCO sort de la mission de l’Église ?

« Non, la CENCO ne sort pas de la mission de l’Église. La CENCO ne se contente pas de se réunir pour parler des questions électorales à deux mois des élections, les Évêques vont aussi visiter les paroisses, ils vont partager avec ceux qui souffrent, ils parlent de la paix, ils luttent contre les conflits communautaires », a-t-il dit.

Il s’est longuement étendu sur l’action de l’Église aux côtés des déplacés dans l’Est de la RDC.

« Il y a un sérieux problème de déplacement de population, 5,5 millions de personnes. Pensez-vous qu’à Goma, nous avons un territoire qui a accueilli plus ou moins 500 000 déplacés depuis novembre. Les prêtres et les bonnes sœurs sont là, ils travaillent là malgré le conflit. Et ils arrivent à faire ce que le pays ou la région n’arrive pas à faire ».

Mgr Ettore Balestrero a donné des exemples concrèts.

« J’ai passé trois soirées à encourager une communauté de sœurs qui gère un hôpital où il y a une sœur congolaise, une sœur rwandaise et une sœur polonaise qui travaillent ensemble. Elles ont refusé d’évacuer quand il y avait le conflit dans leur village, parce qu’elles se sont dit que les femmes vont mourir si elles ne peuvent pas accoucher dans de bonnes conditions. Même les malades qui étaient hospitalisées là-bas avaient besoin d’être chaque jour soignés ».

Et d’ajouter :

« Les prêtres, les sœurs, ils sont les catalyseurs des aides, ils coordonnent la distribution de nourriture, de vêtements, des médicaments. Ils ont même accueilli des personnes déplacées. On a besoin de sites pour recueillir les personnes déplacées. L’Église reste parce que l’Église a un souci humanitaire très fort, qui l’amène à s’ouvrir à tous. C’est le Cœur de Jésus qui s’ouvre à tous les besoins ».

Il a également expliqué l’engagement de l’Église sur le terrain de la démocratie. Il est convaincu que la démocratisation participe à la lutte contre la pauvreté : « Tout à fait, comme l’éducation, l’éducation est indispensable pour le développement du pays. La démocratisation aussi. Avoir une démocratie toujours plus mature, avoir une démocratie toujours plus transparente. C’est un milieu dans lequel les conditions sont très favorables pour l’annonce de l’Évangile ».