Alors que Kinshasa prône pour une mission purement offensive, la force régionale dépêchée par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) précise que l'option militaire n'est pas prioritaire.La sortie médiatique ce mercredi à Goma (Nord-Kivu), du Général Major Jeff Nyagah, commandant de la Force Régionale de l’EAC, a fait l'écho d'une bombe.
Alors que les dirigeants politico-militaires congolais s'enthousiasmaient à l'idée de voir cette force intervenir militairement pour arrêter la progression du M23 voire les déloger des zones occupées, Jeff Nyagah a tenu à préciser les choses.
"La première priorité est le processus politique. Nous avons le processus de Luanda et celui de Nairobi. Le plus important, c’est la paix", a-t-il dit alors qu'il accueillait les troupes kényanes récemment arrivées à Goma, en présence notamment du Général-Major Jérôme Shiko Tshitambwe, chef d’état-major adjoint, chargé des opérations des FARDC.
Cette position contredit sur toute la ligne les récentes déclarations des autorités congolaises qui espéraient beaucoup de cette force. Fin octobre, dans une interview accordée à nos confrères de la BBC, le Président de la République déclarait compter sur la force régionale pour obtenir le départ du M23 qui, à l'époque, ne contrôlait que Bunagana et certains villages du groupement de Jomba. “Je pense que dans les jours à venir avec le déploiement de la force régionale, nous obtiendrons le départ du M23”, disait Félix Tshisekedi.
"J’espère qu’avec votre arrivée, beaucoup de choses vont changer et nous allons évoluer dans une mission offensive afin de ramener la paix dans notre pays la RDC avec comme priorité le M23 et cette agression Rwandaise, FDLR compris…", a déclaré le Général-Major Jérôme Shiko Tshitambwe, chef d’état-major adjoint, chargé des opérations des FARDC, qui tient à maintenir la ligne de communication officielle des autorités de Kinshasa.
Au terme de ses consultations à Kinshasa et Goma, l'ancien Président du Kenya et facilitateur désigné de l'EAC dans ce conflit, a déploré dans un communiqué, la violation de l'entente de Nairobi entre Chefs d'État qui préconisait un cessez-le-feu pour permettre à la force régionale d'établir une zone tampon. Il a d’ailleurs appelé la rébellion à cesser les hostilités avant des pourparlers. Le M23 continue de réclamer un dialogue direct avec Kinshasa sur plusieurs sujets, dont le retour des réfugiés au pays.