Pré-Cop 27 : "trouver des alternatives, éduquer aux éco-gestes, sécuriser et préserver la biodiversité", les recommandations des environnementalistes congolaises 

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Les ministres de l'Environnement d'une cinquantaine de pays se trouvent à Kinshasa pour la pré-COP 27", organisée par le gouvernement congolais en partenariat avec l'Égypte. Au centre des discussions, les thèmes habituels des négociations sur le climat: adaptation, atténuation, finance, pertes et préjudices. Des congolaises précisent leurs attentes par rapport à ces assises. 

"La guerre a un impact négatif sur l'environnement et les aires protégées dans l'Est de la RDC (insécurité, déplacement des populations, perte des ressources financières, etc...)le peu de matériels qui existaient dans certaines stations météo sont endommagés et d'autres ont été volés à cause du déficit sécuritaire de la région, orchestré par la persistance de la guerre", relève Thérèse Katungu, coordonnatrice de la Solidarité des organisations des femmes et jeunes producteurs agricoles (SOFEJEP) dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu. 

En organisant cette pré-COP, la RDC veut également renforcer l’intérêt de la communauté climatique internationale sur le Bassin du Congo, qui à ce jour n’a fait l’objet que de peu d’intérêt, comparativement aux autres bassins tropicaux de la planète. Il est également question de renforcer le partenariat avec les deux autres bassins forestiers (Amazonie et Indonésie).

Marie-Jeanne Nsono, depuis Mbandaka (province de l'Equateur), coordonnatrice du Réseau Ressources Naturelles (RRN) depuis plus de 10 ans, interpelle sur la nécessité de trouver des alternatives au déboisement et pour la survie des populations dans les forêts. 

"Il faut qu'à l'issue de ces assises, les gouvernements du monde soient en mesure de proposer des alternatives à la déforestation. Nous avons des populations, en pleine forêt, qui vivent essentiellement du bois et des feuilles, que ce soit pour construire des abris ou fabriquer des remèdes traditionnels. Il faut que d'autres services leurs soient proposés pour qu'elles ne coupent pas les arbres. Elles détruisent également les arbres qui se situent aux abords des cours d'eau, ce qui occasionne des érosions et crée des scandales climatiques dans le pays. La RDC se propose en pays solution, on voudrait que les populations ne posent plus les mêmes actes. Il faut leur trouver d'autres mécanismes auxquels ils pourront facilement s'adapter", conseille-t-elle. 

Béatrice Mazianda est environnementaliste et dispense des cours à l'Institut supérieur pédagogique (ISP/Gombe). Pour elle, vaincre les défis climatiques passe notamment par l'éducation aux gestes écologiques. 

"La lutte contre le réchauffement climatique pour nous en Afrique et dans le monde passe par la réduction de la pauvreté et l'accès d'une grande frange de la population à l'énergie électrique et au gaz. Le monde aura pour résultat la réduction de la pression anthropique sur la forêt et sur tout autre formation végétale contenant du bois. Il faut aussi favoriser l'éducation des populations aux éco gestes. Simple usage de poubelles, avec tri des déchets", a-t-elle précisé. 

Sensibiliser dans les campagnes, aider le Congo à retrouver paix et sécurité 

" Nous invitons les gouvernements du monde à travailler pour la protection et la gestion durable des ressources de la biodiversité dont dépend la vie des communautés locales. À traduire auprès de la COP 27, la nécessité d'amener les populations à s'adapter et à lutter contre les effets du changement climatique. Que les gouvernements procurent un développement dont les populations locales ont besoin pour un profit équitable aux résultats capables de réduire la pauvreté. Un Congo sécurisé est une planète épargnée des effets néfastes des changements climatiques"ajoute Thérèse Katungu en parlant de ses attentes.  

Marie-Jeanne Nsono a par ailleurs insisté sur le fait "qu'en dehors des activités solennelles internationales, il faut également mener des campagnes de sensibilisation pour la préservation de la nature et de la forêt en milieu rural ". Mais aussi, "les délégués des États doivent s'engager à rendre disponibles au bassin du Congo, l’accès aux fonds climats par les pays forestiers". 

Pour rappel, la COP 27 est prévue en novembre de l'année en cours en Egypte. 

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Prisca Lokale