Comme annoncé lors de la 64e réunion du conseil des ministres, les médecins réunis au sein du Syndicat national des médecins (SYNAMED) et le ministère de la Santé publique, hygiène et prévention étaient autour d'une table pour aborder la problématique de la grève qui frappe ce secteur. Il ressort de cette séance de travail la mise en place d'une feuille de route convenue entre les parties, laquelle va être soumise au Premier ministre et Chef du gouvernement, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge.
L'objectif de cette feuille de route est d'essayer de décrisper la crise qui frappe ce secteur important de la vie depuis près de deux mois déjà. Le Dr Patrick Boloko, secrétaire exécutif du Synamed/Kinshasa, espère que le Premier ministre sera prompt à répondre à leurs préoccupations telles que convenues dans la feuille de route.
« Le lundi, nous étions avec le ministre de la Santé publique hygiène et Prévention et toute l'administration de la Santé, le Secrétariat général également. Une cellule technique a été mise sur pied. Nous avons étudié les possibilités d'une sortie de crise en fonction des propositions du gouvernement, des propositions qu'il nous a faites et ce que nous Synamed avec notre syndicat avons faites afin de permettre la décrispation de la crise. La grève est effective dans toute la République et à Kinshasa vous le vivez. La cellule technique qui a travaillé, on a fini, juste après la réunion, nous sommes restés, nous avons travaillé avec les membres de l'administration publique, de l'administration du secrétariat général à la santé et nous avons nous mis en place ce qu'on appelle une feuille de route que le ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention va présenter avec nous le Synamed, nous allons l'amener au niveau de la Primature », a dit, à ACTUALITE.CD, mardi 16 août 2022, Dr Patrick Boloko, secrétaire exécutif du Synamed/Kinshasa.
Et d'ajouter :
« Nous pensons que le Chef du gouvernement va faire en sorte que cela soit appliqué. Le Premier ministre va s'atteler sur ça parce que ce sont des propositions que nous allons lui emmener et ça sera à lui de pouvoir apprécier et permettre à ce qu'on puisse exécuter afin de permettre à ce que déjà au D3 (troisième trimestre) que les médecins aient un paiement complémentaire ».
Dans son intervention lors de la 64e réunion du conseil des ministres, le ministre de la santé publique, Hygiène et Prévention, Jean-Jacques Mbungani, avait annoncé que la grève n'est suivie qu'à 30%. En réaction, le numéro un du Synamed/Kinshasa a fustigé cette manière de communiquer de la part de leur ministre de tutelle qui, d'après lui, ne facilite pas la tâche au gouvernement.
« La grève est observée à 99%, tous les médecins du Synamed sont en grève, à Kinshasa, la quasi-totalité des médecins sont du Synamed et ceux qui ne sont pas du Synamed observent également la grève. Allez à l'hôpital général de Kinshasa, Cliniques Universitaires, la grève est observée. Cette façon de minimiser la grève ne nous a pas beaucoup enchanté parce que le ministre doit parler de son secteur en disant voilà il y a grève, il faut que le gouvernement fasse quelque chose et non dire au gouvernement que la grève est observée à 30%. Je pense que le ministre a compris, le Chef de l'État leur a demandé de maintenir le dialogue avec le banc syndical et hier nous avons travaillé dans un climat de paix, les échanges ont été menés et cela a été sanctionné par la mise en place d'un document que nous avons produit à présenter au Chef du gouvernement », a-t-il ajouté.
À la question de savoir à quand la rencontre avec le Premier ministre pour lui présenter la feuille de route adoptée, le Dr Patrick Boloko, secrétaire exécutif du Synamed/Kinshasa s'est montré optimiste que d'ici la fin de la semaine une solution sera probablement trouvée : « On ne sait pas encore mais nous espérons que c'est cette semaine, probablement avant le conseil des ministres de vendredi ».
Le Président de la République Félix Tshisekedi s'était dit préoccupé par des mouvements de grève initiés par le ban syndical en raison notamment des divergences complexifiant tout dialogue ou compromis et la non-application d’accords pourtant agréés par les parties.
Il a exhorté le Gouvernement à prendre toutes les mesures appropriées afin de rapprocher les vues entre le ban syndical et les différentes entités gouvernementales ayant dans leurs attributions la charge des secteurs porteurs de revendications. Concernant le secteur de la Santé publique, le Président de la République a insisté pour que le dialogue entre le ministère de la santé et les syndicats des médecins soit maintenu afin de trouver des solutions aux problèmes sociaux qui se posent dans ce secteur. Sous la coordination du Premier ministre, les membres du Gouvernement concernés ont été chargés, chacun dans le respect de ses attributions, d’accorder à cette question le bénéfice de l’urgence et de faire un rapport circonstancié au prochain Conseil des ministres.
Des discussions entre le gouvernement et les différents bans syndicaux tenus récemment à Bibwa avaient abouti à un accord d'alignement de tous les 1674 médecins restants au 4e trimestre au même moment que 3000 infirmiers et 6000 professionnels de santé administratifs et autres catégories bien souvent marginalisées à l'instar des médecins vétérinaires. Absente de cette assise, le Synamed a rejeté ces conclusions maintenant sa position pour l’application de l’accord de Bibwa d’août 2021.
Clément MUAMBA