Sud-Kivu: Kibala demande à Ngwabidje de surseoir sa note autorisant la reprise des activités minières à Mwenga en violation des résolutions de l'Assemblée nationale

Illustration. Une mine d'or de cobalt à Kamituga/Ph. ACTUALITE.CD

Le député national Jean-Claude Kibala appelle le gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje à surseoir sa note autorisant la reprise des activités des entreprises minières suspendues à Mwenga conformément aux recommandations de l'Assemblée nationale. Au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD mardi 26 juillet 2022, l'élu de Mwenga estime que ces entreprises ne peuvent pas reprendre leurs activités sans répondre aux préalables de l'Assemblée nationale issues de la mission d'enquête dépêchée à Mwenga. 

"Le gouverneur Théo Ngwabidje est allé au-delà, il a mal interprété les notes du ministre des Mines où elle répondait à une correspondance lui adressée par une des sociétés qui travaillait à Mwenga (Ndlr : la Société Oriental Ressources Congo, ORC), la ministre a seulement donné son point de vue en soulignant tout simplement que si les sociétés se mettent en ordre avec l'État, il n'ya pas des raisons pour qu'elles ne travaillent pas à Mwenga pour l'intérêt de la République et de la population locale. La ministre des Mines n'a pas dit que vous êtes lavés, comme si ces sociétés étaient en ordre avant la suspension parce qu'elles n'ont rien payé à l'État, ni des amendes, ni indemniser la population. Il n'y a rien qui s'est passé conformément aux résolutions et recommandations de l'Assemblée nationale", a dénoncé Jean-Claude Kibala, président de la commission qui a mené l'enquête à Mwenga.

Tout en reconnaissant le rôle important des sociétés minières dans la région, M. Kibala a rappelé qu'il ne revient pas au gouverneur de province de lever une telle mesure mais plutôt à la ministre des Mines. 

"Il faut que le gouverneur sursoit sa décision, il n'a pas droit de lever la suspension d'exploitation d'une société minière. Ce n'est pas dans ses compétences et surtout que le dossier a été traité au parlement, ça ne revient pas au gouverneur d'autoriser la reprise des activités alors que les griefs reprochés à ces sociétés n'ont pas été discutées et conclues entre le gouvernement, la population et les sociétés pour qu'on règle certaines choses avant d'autoriser ces sociétés. Ces dernières doivent se conformer à la législation minière en vigueur, j'appuie l'idée de la ministre des Mines de demander aux sociétés de se conformer aux lois de la République avant de commencer les travaux", a ajouté Jean-Claude Kibala.

M. Kibala dit avoir rappelé à la ministre des Mines que la décision prise fera l'objet des contestations par les populations de Mwenga. D'où, la nécessité de mettre en application les différentes recommandations formulées par l'Assemblée nationale.

"Je dis au ministre des Mines qu'à Mwenga les gens ne vont pas accepter que les sociétés reprennent les travaux aussi longtemps que les éléments décriés, le flou qu'il y a dans le contrat de Banro qui n'a pas les moyens, elle commence à sous-traiter les sociétés chinoises. Si Banro n'a pas les moyens qu'elle laisse les concessions à une autre société qui peut acheter les titres au lieu de garder les titres et commencer à sous-traiter comme si la terre de Mwenga lui appartenait et surtout qu'elle ne s'acquitte pas de ses devoirs de payer les droits superficiels des titres qu'elle conserve. C'est un gel des ressources, quelqu'un détient des titres depuis 2004, elle garde l'or de Mwenga dans la terre sans que la population de Mwenga n'en bénéficie. J'ai demandé à la ministre de clarifier les choses mais aussi faire avancer le dossier des recommandations que nous lui avons transmis", a-t-il conclu.

L'Assemblée nationale a adopté jeudi 18 novembre 2021, moyennant les aménagements le rapport de la commission parlementaire dépêchée au Sud-Kivu plus précisément dans le territoire de Mwenga en vue de recueillir des informations sur l’exploitation illicite des minerais par des sociétés étrangères. Les conclusions de la mission effectuée du 8 au 14 septembre seront transmises au gouvernement.

La commission dirigée par Jean-Claude Kibala a relevé des graves dysfonctionnements dans le secteur des mines en RDC. Pour ne citer que le cas de Mwenga, plusieurs entreprises chinoises exploitent l’Or sans titres ni qualités. Il y a par exemple des entreprises qui ne détiennent que des permis de recherche mais qui font l’exploitation proprement dite des minerais en complicité avec les coopératives locales.

Clément Muamba