Manif anti-Monusco/Butembo: l'enterrement collectif de huit civils sur les dix repoussé à samedi, une veillée mortuaire improvisée à la place VGH

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Les civils tués lors des manifestations anti-Monusco mardi à Butembo n'ont pas été enterrés ce vendredi soir comme prévu. Leurs corps ont été levés tardivement de la morgue de l'hôpital de Matanda où ils étaient déposés en attendant les obsèques. Les manifestants qui s'apprêtaient à leur rendre les derniers hommages n'ont pas souhaité les enterrer nuitamment, même si les tombes étaient déjà creusées à Kitatumba, un cimetière public de Butembo. Huit cercueils contenant les dépouilles des victimes ont quitté la morgue et ont été déposés au rond-point VGH où une veillée mortuaire vient d'être improvisée, en dépit du refus de la police qui a tenté de les disperser sans succès au tour de 18h30. Ces corps  seront donc exposés toute la nuit dans  ce carrefour stratégique de la ville où sont rassemblés des dizaines de manifestants.

 Ils scandent des chants en guise d'hommages à ces illustres disparus qu'ils qualifient de martyrs et héros de la lutte pour la paix et la sécurité dans l'est du Congo. Ces jeunes gens seront enterrés collectivement samedi, sauf imprévu, au cimetière de Kitatumba, d'une manière collective, après qu'un compromis a été trouvé ce vendredi entre les autorités, les familles des victimes et les délégués de la synergie des mouvements organisateurs des manifestations anti-Monusco. 

Un enterrement collectif décidé pour honorer, d'après la synergie des mouvements citoyens, la mémoire de ces jeunes gens tués alors qu'ils réclamaient la paix et la sécurité.

"Pour les 10 victimes, nous avons trouvé un compromis avec les familles de neuf, trois familles jeudi et six autres aujourd'hui. Le compromis a été trouvé entre la mairie, l'auditorat et les familles pour qu'on les enterre d'une manière collective, pour une question de mémoire. Ils ont été tués alors qu'ils dénonçaient la passivité de la Monusco à protéger les civils. Ce n'est pas une mort ordinaire, ce n'est pas une mort naturelle. C'est une mort noble. Les enterrer de manière collective c'est les honorer, c'est aussi garder les traces de ces crimes qui impliquent les casques bleus. Ça sera facile d'y ériger un mémorial", a déclaré à ACTUALITE.CD l'avocat Serges Makeo qui a accompagné la synergie des organisateurs de la manif anti-Monusco dans cette démarche. 

Au soir de ce vendredi, seules huit familles ont décidé d'enterrement d'une manière collective leurs proches, deux autres familles s'étant décidé d'enterrer de manière individuelle. 

Jusque la mi-journée, autorités et collectif des mouvements organisateurs des manif-anti-Monusco peinaient à s’accorder sur le lieu d’enterrement des victimes. Si les manifestants veulaient les enterrer ensemble à l’esplanade Florida de MGL, dans un quartier huppé de la ville, pour une question de symbole de lutte et de mémoire, les autorités par contre veulent contourner ce piège et exigent que les manifestants soient enterrés à Kitatumba, un cimetière public de la ville. 
Des policiers ont d’ailleurs été déployés pour chasser des jeunes fossoyeurs à Florida. 

Des habitants craignaient une nouvelle escalade de violences faute d’un compris. Car des manifestants qui attendaient à la morgue de Matanda menaçaient de combiner la manifestation anti-Monusco avec une manifestation anti-état de siège. 

Claude Sengenya