RDC : le HCR préoccupé par la recrudescence des violences entraînant le déplacement des personnes au Nord-Kivu

Une famille fuit les violences à Kamonia, dans la province du Kasaï en RDC. Octobre 2017.   © HCR / John Wessels
Une famille fuit les violences à Kamonia, dans la province du Kasaï en RDC. Octobre 2017. © HCR / John Wessels

L’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), se dit très préoccupé par les besoins urgents et importants de plus de 72.000 personnes qui ont été déplacées par les combats de ces derniers jours dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, rapporte son communiqué de ce 27 mai.

Depuis le 19 mai, d’intenses combats secouent les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo alors que des milices, se réclamant du mouvement armé M23, affrontent les forces gouvernementales dans une confrontation qui se poursuit au nord de Goma, la capitale provinciale.

« Au moins 170 000 civils ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises, à cause d’une intensification des combats dans l’est de la RDC depuis novembre 2021. Cette toute dernière vague de violence a poussé des dizaines de milliers de personnes à quitter leur foyer à la recherche d’une sécurité toute relative dans différentes parties de la province, dont Goma. Rien qu’au cours de la semaine dernière, quelque 7000 personnes auraient également franchi la frontière vers l’Ouganda voisin, un pays qui accueille déjà plus de 1,5 million de réfugiés », dit le HCR dans son communiqué.

Les personnes déplacées sont exposées à une violence constante. Les champs et les commerces laissés à l’abandon risquent fort d’être pillés, ce qui met en péril leurs moyens de subsistance. Les femmes et les jeunes filles sont exposées aux violences sexuelles, notamment aux viols, ainsi qu’aux menaces physiques et aux extorsions par les parties au conflit.

« Des milliers de personnes déplacées par les affrontements en cours peinent à trouver un abri et à se procurer des articles de première nécessité, ainsi qu’à trouver de la nourriture et de l’eau potable. Certaines comptent sur la générosité de familles congolaises, d’autres ont trouvé refuge dans des écoles, des églises et des sites aménagés par les autorités pour ceux qui ont dû fuir l’éruption du volcan Nyiragongo en mai 2021.  Nombre de ces sites d’hébergement temporaire ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour accueillir les nouveaux arrivants, les exposant ainsi au choléra, au paludisme et à d’autres maladies. De plus, l’utilisation de bâtiments scolaires prive les enfants de l’école, alors qu’ils pourraient autrement y étudier dans un environnement protégé », ajoute le HCR.

Avec 5,6 millions de déplacés internes, la RDC connaît la plus grave crise de déplacement interne en Afrique. En Ouganda, le HCR dit être en partenariat avec d’autres acteurs humanitaires, afin de fournir une aide d’urgence aux 25.000 personnes qui ont traversé la frontière depuis le 28 mars et qui ont trouvé refuge dans des installations mises en place par l’organisation de l’ONU.

Le HCR précise qu’il requiert d’urgence 5 millions de dollars pour renforcer son action de protection et sa réponse humanitaire au Nord-Kivu. « Nos besoins financiers à travers la RDC restent très importants, avec seulement 16% des 225 millions de dollars nécessaires qui sont couverts ». En Ouganda, le HCR et ses partenaires ont récemment lancé un appel de 47,8 millions de dollars pour répondre aux besoins critiques des milliers de réfugiés qui sont arrivés dans ce pays cette année, dont environ 35 millions de dollars pour les nouveaux arrivants en provenance de la RDC.

Thérèse Ntumba