RDC-03 mai : cinq questions à Nathalie Atatama sur la liberté de la presse

Photo/ Droits tiers
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 Quel est l'impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur le métier du journaliste congolais? Quelle évolution de la liberté de la presse en République Démocratique du Congo?  Nathalie Atatama dresse un bilan du secteur journalistique.

Bonjour Madame Nathalie Atatama et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours et du poste que vous occupez actuellement au sein de votre média ? 

Nathalie Atatama : Cela va faire près de 17 ans que je travaille dans la presse audiovisuelle. Je suis journaliste reporter, je présente des émissions socio-cultuelles, je suis également conceptrice d"émissions et programmes télévisés. 

Cette année, la journée mondiale de la liberté de la presse avait pour thème "Le journalisme sous l'emprise du numérique". Quelle définition accordez-vous à ces termes ?  Nathalie Atatama : nous avons appris sur le banc de l’école, que le journaliste avait pour outils et supports, un papier, un stylo, le studio (pour ceux qui travaillent à la radio), un plateau (pour la télévision), le terrain pour les reporters. Aujourd'hui, le numérique, avec ses nouveaux outils permet au journaliste d'atteindre un public plus large. Avec le numérique ou la digitalisation, le journaliste livre les informations en temps réel. Cependant, il faut noter que le côté négatif du numérique se situe dans le fait qu'il a encouragé les plagiats. Une information traitée et diffusée par un média X peut être copiée et publiée par un autre média. Cela occasionne également des bavures. 

Au cours des dix dernières années, quel bilan vous faites de l'exercice de la liberté de la presse en RDC ?  Nathalie Atatama : je pense que le bilan est à la fois négatif et positif. Il y a une période où les journalistes étaient  plus engagés dans la défense d'un parti ou une opinion politique. Cela est négatif. Les faits positifs du bilan concernent ces périodes où le journaliste est de plus en plus libre de descendre sur terrain, mener des investigations, collecter les informations et diffuser à travers les canaux à sa disposition. 

Y a-t-il une évolution depuis l'avènement de la troisième République ?  Nathalie Atatama : Oui. Le fait que le Chef de l'Etat ait prôné l'Etat de droit est une avancée qui a également eu des impacts positifs sur le travail du journaliste. Il est vrai qu'on se rend compte que certains journalistes sont libres d'exprimer librement leurs opinions plutôt que d'autres. Malheureusement, les menaces persistent  à l'égard des journalistes. 

Que faut-il pour  avoir une presse plus libre en RDC ?  Nathalie Atatama : la presse est le 4ème pouvoir, dit-on. Le gouvernement congolais devrait se rendre compte que sans la presse, il lui sera difficile de communiquer avec la population. Il faut que des mesures soient prises pour faciliter le travail des médias. Enfin, il va falloir que le ministère de tutelle songe à régulariser le secteur médiatique, faire le toilettage dans la corporation des journalistes.

Propos recueillis par Prisca Lokale