RDC : « 2023, c'est l'occasion de renouveler cette classe politique pour mettre fin à la démocratie de façade » (Prof Thierry Nlandu)

Les membres du Collectif du 16 février lors d'une conférence de presse
Les membres du Collectif du 16 février lors d'une conférence de presse

Dans le cadre de la commémoration du 30ème anniversaire des massacres des chrétiens lors de la marche dite de l’espoir (16 février 1992 – 16 février 2022), le professeur Thierry Nlandu Mayamba, membre du Comité Laïc de Coordination (CLC), est intervenu au cours d’une conférence de presse organisée par le Collectif du 16 février à Kinshasa. 

Il a notamment déclaré qu’il considérait les prochaines élections, prévues en 2023, comme une occasion pour renouveler l'actuelle classe politique congolaise. Il estime que la RDC compte plus de démocrates de façade que des vrais démocrates.

« 2023, c'est l'occasion de renouveler cette classe politique parce qu’en fait nous avons un problème essentiel : nous avons une démocratie de façade. Ce n'est pas une démocratie. Quand vous avez une démocratie qui n'a pas de démocrates, vous ne pouvez pas parler de démocratie. Aujourd'hui, vous avez des politiciens qui peuvent aller toutes les directions pourvue qu'ils aient l'argent d'un côté ou de l'autre. Si nous n'avons pas de vrais démocrates à la tête de nos institutions, nous n'aurons jamais une démocratie », a-t-il dit lors de son intervention portant sur le thème : 30 ans, 1992 – 2022 : les croyants congolais toujours interpellés au courage politique.

Il a aussi déploré le fait de promouvoir les hommes forts en lieu et place des institutions fortes.

« Il faut qu'on cesse d'avoir cette conception du père au niveau de celui qui dirige. La constitution rend responsable chaque ministre. Il ne faut pas qu'ils fassent semblant en se cachant derrière un papa. C'est ainsi que même nous dans notre conscient et subconscient, nous parlons toujours de père. Il y a des pères fondateurs, il y a de Igwe, China Rambo, le béton aujourd'hui, le Premier ministre parle d'un gouvernement de Warriors … Ce n'est pas ça. Ce sont des métaphores fortes qui cachent des hommes forts et non des institutions fortes. Un pays qui est dans une démocratie saine, c'est un pays qui a des institutions fortes et non des hommes forts », a-t-il recommandé.

16 février 1992 - 16 février 2022, 30 ans jour pour jour que des manifestants (une dizaine, selon les sources officielles, une centaine, d’après la société civile) ont été tués par les forces de l’ordre alors qu’ils réclamaient la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine (CNS).

Ils étaient des dizaines de milliers venus de toutes les zones (communes de Kinshasa), répondant à l’appel d’un groupe de prêtres, intellectuels et laïcs catholiques à envahir les rues. Il s’agissait de l’une des plus grandes revendications depuis l’indépendance du pays. Certains manifestants brandissaient des bougies et d’autres des rameaux et des chapelets.

Interdite par les autorités, la marche de l’espoir avait fédéré plusieurs fidèles de diverses confessions. Face à l’adhésion massive de la population kinoise, la répression fut brutale. Les forces de l’ordre tiraient à bout portant sur les manifestants.

Deux mois après cette manifestation, malgré l’opposition du Premier Jean Nguz Karl-I-Bond, qui estimait que les travaux de la CNS regroupant 2 650 délégués étaient budgétivores, ce forum va reprendre et connaîtra la désignation d’Étienne Tshisekedi comme Premier ministre du gouvernement de transition le 15 août 1992.  La CNS clôturera finalement ses travaux en décembre 1992.

Lire aussi : 30ème anniversaire de la marche des chrétiens : « mettons fin au Congo des grands hommes et reprenons notre destin en main comme peuple souverain » (Collectif du 16 Février)

Clément Muamba