Le Groupe d'étude sur le Congo (GEC) a organisé ce mercredi à Lubumbashi, un forum ouvert à toutes les couches pour discuter autour du thème : mon député me rend-t-il compte de son travail ? Journalistes, députés, diplomates et société civile ont participé à ces échanges qui ont eu lieu dans la salle Arupe de la ville du cuivre.
Bien avant le débat ouvert au public ponctué des exposés, Trésor Kibangula du Groupe d'étude sur le Congo a dit que le GEC a documenté toute la production législative de la session de septembre et s'interroge autour de ce thème avec le public pour savoir si son député lui rend compte de son travail.
"Nous essayons de documenter ce que les députés font à l'assemblée nationale, et comme la session de septembre est finie, il est de notre devoir de rendre compte de ce qu'a été cette session parlementaire en termes de sa production législative. Nous avons accès à des rapports des vacances parlementaires antérieures et nous avons rendu des chiffres", a expliqué ce lundi, lors du forum de GEC à Lubumbashi, Trésor Kibangula.
Selon l'étude menée sur la session de septembre, certaines circonscriptions électorales de la région du Katanga, n'ont pas vu leur députés rendre compte.
"Parmi les circonscriptions du Katanga, certaines n'ont pas vu leurs députés. Il s'agit de Kapanga au Lualaba, Kalemie ville, Kabalo et Moba dans le Tanganyika. Les chiffres sont inquiétants, 287 sur 500 députés nationaux ont déposé leurs rapports des vacances parlementaires. Autrement dit, 42% des mauvais élèves", poursuit-il.
Devant quelques diplomates dont Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l'Union Européenne en RDC, trois intervenants ont pris parole lors de ce forum public. Professeur Georges Kasongo, enseignant en sociologie politique à l'Université de Lubumbashi, Ida Kitwa, député nationale et Jeff Mbiya Kadima du cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga.
L'élue de la région du Katanga a notamment évoqué le travail abattu par les députés. Pour elle, toutes les lois votées ne sont que initiatives des élus et que le gouvernement n'a pas amené des projets visant notamment la révision institutionnelle.
"Tout ce que nous avons voté, lors de la session de septembre, ce ne sont que les initiatives des députés nationaux de l'opposition comme de la majorité parlementaire. C'est le gouvernement qui a sa politique et c'est lui qui doit nous ramener les lois en ce qui concerne par exemple les réformes institutionnelles avec d'autres lois dans d'autres domaines. Jusqu'à présent, nous n'avons jamais reçu un projet de loi cadrant des réformes institutionnelles ", a dit la député nationale Ida Kitwa.
Quant à Jeff Mbiya, il a précisé que entre députés et peuple, il n'y a pas de culture de redevabilité.
"...La difficulté que nous avons aujourd'hui, c'est que les députés ne font pas la restitution lors des vacances parlementaires. Il n'y a même débat entre députés et peuple, malheureusement, Ils confondent la visite dans les sièges de leurs partis politiques à la rédevabilité vis-à-vis des électeurs " dit-il.
Le spécialiste en sociologie politique de l'université de Lubumbashi, Professeur Georges Kasongo, le problème est plus profond au regard de la fissure qui existe entre la société et les députés.
" De manière structurelle, le problème est un peu plus profond au sein de la société parce qu'il y a une fissure assez profonde entre la société et les élus. Cette rupture est liée au fait que la population n'est pas suffisamment informée et sensibilisée sur le rôle du parlementaire en général, qu'est ce que la population doit attendre de ses élus. Aujourd'hui on demande parfois aux députés des ponts, ce qui ne revient pas comme rôle aux députés. Quand les députés vont en campagne, qu'est ce qu'ils expliquent à la population ? Ils promettent des ponts, des routes en sachant que ça ne rentre pas dans leur rôle d'élus", a expliqué le Professeur Georges Kasongo.
Un débat entre public et panelistes va se poursuivre autour de la rédevabilité des élus vis-à-vis de la population et des voies de sortie pour pallier ce déficit de rédevabilité.
José MUKENDI