RDC-Nyiragongo : des sinistrés regroupés sur le site de Kayembe continuent de se lamenter sur le détournement de leur assistance

Les habitants sinistrés de Goma cantonnés sur le site de Kayembe/Ph. ACTUALITE.CD

Plusieurs sinistrés de l’éruption volcanique du 22 mai dernier, cantonnés sur le site de Kayembe dans le territoire de Nyiragongo, crient au détournement de leur assistance par les responsables du site. Ils le dénoncent chaque fois, à l’occasion de la distribution sur place de différentes aides du gouvernement et de ses partenaires en faveur des sinistrés et déplacés.  Les responsables du site affirment que la tâche d’enregistrer des sinistrés revient aux cadres de base des entités consumées par la lave et c’est à eux de connaître les vrais et les faux sinistrés.

Alors que certains sinistrés recevaient de l'aide dimanche de la part de plusieurs personnes et organisations caritatives, d’autres sinistrés ne possédant pas des jetons se lamentent.

« Nous sommes entassés dans un hangar. Nos enfants tombent déjà malades. L’aide est en train d’être distribuée à ceux qui ont des domiciles. Mon enfant fait déjà de la diarrhée. Et on nous dit qu’il n’y a pas encore de médicaments. Il n’y a même pas de nourriture. Qu’on nous donne même des bâches pour que nous puissions quitter ces hangars », se plaint Francine Kanane, sinistrée de Buhene.

« Les chefs mettent du désordre lors de la distribution de l’assistance. Ils mettent l’aide dans des sacs qu’ils amènent chez eux. Nous, population, souffrons. Depuis qu’on assiste les gens dans ce camp, je n’ai jamais bénéficié de quoi que ce soit. Or, ma maison a été ravagée par la lave. Mais, ceux qui obtiennent de l'aide viennent de leurs domiciles. Nous souffrons beaucoup. Nous demandons au gouvernement de mettre de l’ordre dans cette histoire. Au moins, la croix rouge a bien servi les gens. Qu’on change le comité », ajoute  Bahati Adolphe Musafiri, également sinistré de Buhene.

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Dans une réunion avec son staff, Katembo Syauswa, représentant des sinistrés, regroupés à Kayembe, annonce certaines mesures en vue d’endiguer la fraude lors de la distribution de l’assistance aux sinistrés.

« Ces listes sont conçues au niveau des différents villages. Le chef du village, qu’on appelle ici notable, se présente et fait appel à ses administrés. Comment peut-on douter de ces listes. Je n’élabore aucune liste. Pour pallier la fraude qui serait opérée par ces chefs des villages, nous avons élaboré des jetons à distribuer aux sinistrés. Quand  il y aura quelqu’un qui sera attrapé comme faux sinistré, en ce moment-là, le chef de village sera interpellé pour ça. C’est donc sur base de ces jetons qu’on va chaque fois distribuer l’assistance », a dit Katembo Syauswa, représentant des sinistrés regroupés au site de Kayembe.

Lors de son récent passage à Goma, début juin 2021, le Premier ministre avait promis des sanctions exemplaires à l’endroit de ceux qui se livrent au détournement de l’assistance des sinistrés et déplacés du volcan. Cités dans  l’affaire du détournement de l’assistance de la première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi aux sinistrés et déplacés qui ont fui vers Rutshuru, l’administrateur civil de ce territoire, Justin Mukanya et trois de ses complices ont déjà été transférés à Goma pour y être jugés.

Et pour pallier tous ces problèmes, le chef de l’État a promis l’aménagement d’un site à Kanyaruchinya vers Kibati qui devra accueillir rien que les vrais sinistrés dont l’enregistrement et la distribution des jetons sont en cours. Près de là, un hôpital mobile moderne d’une capacité de 20 lits a été monté par le génie militaire des FARDC en vue de la prise en charge sanitaire des sinistrés.

Les coulées de lave et les conséquences du volcan Nyiragongo ont causé la mort de plus de 30 personnes, plus de 3 000 maisons détruites, des centres de santé et des écoles ont également été affectés.

Jonathan Kombi, à Goma