RDC-Kasaï: la société civile de Kamako plaide pour la réinstallation d'une base de la Monusco

Les expulsés d'Angola à Kamako. PH/ACTUALITE.CD

La société civile locale de la cité frontalière de Kamako (Kasaï) a remis, ce jeudi 19 novembre, un mémorandum adressé à Leila Zerrougi, chef de la Monusco, au chef du sous bureau de la Monusco à Tshikapa. Elle plaide pour la réinstallation d'une base de la Monusco car, écrit-elle, la paix est encore précaire et la situation sécuritaire se détériore davantage.

“L'installation d'une base Monusco a contribué largement au retour de la paix dans la cité de Kamako et ses environs après les violences de 2017-2018. Son retrait brusque a brisé cet élan de paix. La paix reste précaire dans cette cité cosmopolite et nous demandons à votre mission de contribuer pour sa consolidation. Ceci nous pousse à vous demander le retour de la base Monusco à Kamako pour préparer un retrait harmonieux et civilisé”, lit-on dans ce mémorandum signé par l'abbé Trudon Keshilemba Lamba, président de la société civile de Kamako.

La société civile de Kamako énumère quelques incidents pour asseoir sa crainte de voir la paix être de nouveau perturbée dans cette partie de la province du Kasaï.

“Les incursions à répétition des forces armées angolaises sur le territoire congolais d'où plusieurs incidents entre militaires de deux pays (...) viols et kidnappings des femmes congolaises par les militaires angolais,  immigration clandestine des congolais à la recherche d'une vie meilleure en Angola et leurs expulsions récurrentes avec violations des droits humains”, dit-elle.

Le mémorandum égratigne un peu la Monusco dont "la présence à Kamako n'a favorisé aucun projet de développement".

Enfin, la société civile rappelle l'état d'enclavement actuel de la cité de Kamako d'une part à la suite de la fermeture des frontières avec l'Angola pour cause de covid-19 et d'autre part  la coulée du bac jeté sur la rivière Loangatshimo en direction de Tshikapa. Cette situation rend difficile voire impossible l'approvisionnement de la cité de Kamako en denrées alimentaires de première nécessité d'où la flambée des prix sur le marché et la montée du banditisme.

Habitée par environ 30.000 personnes dont 15.000 des retournés d'Angola et 3.000 des déplacés internes, la cité de Kamako avait été durement touchée par l'activisme de la milice du chef coutumier Kamuina Nsapu et d'autres milices tribales locales obligeant la majeure partie de la population à trouver refuge en Angola. Le déploiement d'une base de la Monusco avait favorisé le retour de la paix permettant à la population de regagner la cité mais au mois de juillet de cette année,  la mission onusienne qui a déjà programmé son retrait total du Kasaï, avait fermé sa base de Kamako.

Sosthène Kambidi