Il y a des moments où les militaires congolais déployés à Beni (Nord-Kivu) pour combattre la rébellion des Force démocratiques alliées (ADF) traversent des mois sans ration alimentaire. C’est ce que dénonce le député national Paul Muhindo Vahumawa, élu du territoire de Beni. Dans une déclaration publiée à l’occasion de la célébration, le 2 octobre dernier, du sixième anniversaire des massacres de Beni, cet élu indique que le manque de ravitaillement en ration des militaires engagés aux fronts constitue une «démotivation programmée» des troupes.
« Une démotivation des troupes engagées aux combats, car il est arrivé dernièrement que nos soldats puissent passer 4 mois sans ration et donc pour manger nos soldats devaient se débrouiller comme des animaux dans la forêt ou se rabattre sur la population, en plus leurs primes des combats tant vantée n’aurait été données que pendant quelques mois et depuis lors, c’est devenu une coupure générale, alors comment des tels soldats peuvent gagner la guerre?», s’indigne le député national Paul Muhindo Vahumawa dans sa déclaration parvenue à ACTUALITE.CD.
Il demande aux autorités compétentes de résoudre le problème et de déployer beaucoup plus de militaires à Beni pour l’efficacité des opérations de traque des rebelles des Forces démocratiques alliées. D’après lui, à Beni, il y a un faible effectif des soldats. Ce qui ne facilite pas l’intervention dans plusieurs endroits attaqués par l’ennemi.
« Un mensonge bien organisé ayant poussé à déclarer qu’il y 21 000 militaires à Beni et pourtant la qualité d’intervention prouve qu’il y a insuffisance d’hommes de combat, en ce sens que quand la population les alerte pour intervenir, ils ne se font pas souvent voir car il faut déplacer la même unité d’un coin à l’autre, en plus nous perdons les officiers supérieurs qui pourtant si ce nombre était vrai, on en serait pas là », déplore-t-il.
Contacté par ACTUALITE.CD, le porte-parole des opérations Sokola 1 n’a pas souhaité réagir à ces allégations, précisant que l’armée congolaise «ne peut en aucun cas répondre aux personnes qui jouent au populisme». Des chercheurs indépendants, les uns confirment à ACTUALITE.CD cette triste réalité, alors que d’autres reprochent au député de ne s’être fié qu’«aux militaires pleurnicheurs».
Depuis octobre 2014, la région de Beni fait face à une guerre sans précédent, attribuée aux rebelles ADF. D’après son décompte le député national Paul Muhindo Vahumawa révèle qu’en six ans, plus de 4 500 personnes ont été tuées et plus de 190 villages abandonnés par des civils fuyant les atrocités. Et sur cette liste des tués, le député précise que 1 048, soit près de 20 % l’ont été depuis le 30 août 2020, après les récents changements à la tête des opérations Sokola 1. Et les Nande (ethnie majoritaire au Grand-Nord-Kivu) viennent en tête avec 83% des victimes, suivies des Mbuba (15%), Talinge (0.8%), Pygmées (0.5%), Bira (0.3%) et Pakombe (0.2%).
Claude Sengenya