Sécurité du docteur Mukwege: des Kinoises émettent quelques propositions

Sécurité du docteur Mukwege: des Kinoises émettent quelques propositions

Des voix s’élèvent pour exiger la protection du Prix Nobel de la Paix 2018. En effet, pour avoir plaidé l’installation d’un tribunal pénal international pour la RDC, ce dernier a reçu des menaces de mort. Le desk femme de Actualité.cd est allé à la rencontre des Kinoises, ces dernières ont dressé une liste de suggestions pour mieux protéger l’Homme qui répare les femmes à l’Est du pays.

“C’est affreux d’apprendre que le docteur Mukwege reçoit des menaces de mort. Il s’est consacré pour son pays. Il a mis en place un hôpital dédié aux femmes violées. Je pense qu’une personne qui aide l’humanité devrait être protégée,” dit Patience Ngbetu, commerçante. Elle est complétée par Bobette Nzolameso, qui pense que le Dr. Mukwege connaît profondément la situation de ces femmes. Mais, les soigner n’est pas la seule option pour leur assurer un lendemain meilleur. C’est ainsi qu’il dénonce les crimes commis à l’Est de la RDC.”

  1. Découvrir des intérêts derrière les menaces contre Mukwege

Pour Patience Ngbetu, cette affaire va au-delà du secteur médical. “Elle touche à l'Économie (parce qu’il fait allusion aux potentialités dont regorge la partie Est du pays), à la politique (parce qu’un haut gradé rwandais s’est inscrit dans la liste des auteurs de ces menaces), ainsi qu’à la sécurité (parce que les frontières de la RDC ne sont pas bien sécurisées),” soutient-elle.

Dans la même logique, Vivianne Ngoma et Kethia, deux femmes appellent le gouvernement à riposter et sécuriser tous ceux qui œuvrent pour la paix à l’Est. “Ces personnalités étrangères qui menacent le docteur Mukwege doivent surement avoir des intérêts dans les crimes de guerres qui sont commis  dans cette région. Nos dirigeants devraient avoir le courage de lancer aussi des menaces contre ces personnes. C’est incompréhensible !” replique Vivianne Ngoma. A Kethia d’ajouter « Nous demandons au gouvernement de protéger toutes les personnes qui œuvrent en faveur de la paix et de la sécurité en RDC. A chaque fois qu’une personne se lève pour dénoncer ces mauvaises actions, des attaques sont lancées contre elle jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il est soit mort, soit emprisonné. Ce ne sera pas le cas avec le docteur Mukwege parce qu’il est temps de rendre justice aux victimes” dit-elle. 

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  1. Mener, Suivre, Publier et Évaluer les enquêtes

Au cours de la 45ème réunion du Conseil des Ministres tenue vendredi 21 août 2020, le Président Tshisekedi avait notamment ordonné l’ouverture des enquêtes sur des intimidations, correspondances haineuses et menaces de mort contre le Prix Nobel de la paix 2018. Pour Clémentine Mputu et Françoise Kapamba, les résultats de ces enquêtes devraient être révélés au public.

“Il ne suffit pas de lancer des enquêtes. La plupart des enquêtes annoncées ont été classées sans suites. Il faut que l’Etat congolais nous dise par la suite quelles sont les actions menées à ce sujet, celles qui ont abouties à un résultat et celles qui n’ont pas été achevées. Cette évaluation va permettre de sanctionner ceux qui n’auront pas réalisé leurs tâches” suggère Clémentine Mputu. A Françoise de renchérir, «Le gouvernement doit découvrir l’identité de tous les auteurs de ces menaces, leur nationalité et les intérêts derrières ces attaques. Les guerres à l’Est datent des plusieurs années et jusqu’à présent, aucune solution n’est encore trouvée. Nous devrions en connaître les auteurs” conclut Françoise Kapamba.

  1. Adopter des propositions contre les discours de haine

La présidente de l’Assemblée Nationale, Jeanine Mabunda avait également annoncé  qu’elle va se pencher très prochainement sur les discours de haine. Lydie, étudiante en droit à l’Université Libre de Kinshasa, suggère d’adopter des nouvelles propositions contre ces discours. “ Aucun congolais ne doit faire l’objet des menaces de mort pour avoir dénoncé les mauvaises actions qui se commettent à l’Est et sur  tout le territoire de la RDC. Peu importe de qui ces menaces peuvent provenir. A travers cette affaire du Docteur Mukwege, que les élus nationaux proposent des lois pour sanctionner les auteurs des discours de haine, que ces propositions soient adoptées et mises en pratique” souligne la jeune femme.

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Actuellement, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) a transmis les recommandations au gouvernement et à l’ONU pour renforcer la sécurité de Mukwege. Abdoul Aziz Thioye, Directeur de ce bureau a annoncé que les discussions sont en cours entre New York, Kinshasa et Docteur Mukwege pour trouver la solution la plus appropriée en vue d’assurer une sécurité efficace pour sa personne et ses activités qui ne devraient souffrir d’aucune forme d’insécurité.

Prisca Lokale