CPI : dès la fin de COVID-19, Fatou Bensouda va déployer une mission en RDC suite aux violences à Djugu et Mahagi

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La Cour pénale internationale (CPI) s’apprête à déployer une mission en République démocratique du Congo (RDC) dès la fin de la pandémie de coronavirus à la suite des violences qui sévissent dans les territoires de Djugu et Mahagi. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi 4 juin la Procureure de cette cour, Mme Fatou Bensouda.

« Une mission de mon Bureau sera déployée en RDC dès que les conditions liées à la crise sanitaire de la COVID-19 le permettront. », a dit la Procureure dans une déclaration.

Elle a exprimé la « préoccupation » de la CPI suite aux actes des « meurtre et mutilation de nombreuses personnes civiles, dont de nombreux enfants ; des enlèvements et des exécutions sommaires ou extrajudiciaires ; des crimes sexuels et à caractère sexiste contre des femmes, des filles mineures et des hommes ; des pillages systématiques ; des incendies et des destructions de maisons, de propriétés privées et d'édifices » et rappelle qu’ils « pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale ».

La CPI qui enquête sur les crimes en RDC et précisément en Ituri depuis 2004 invite les autorités congolaises « à poursuivre résolument leurs efforts, en vue de protéger et de sécuriser les populations civiles et leurs biens, ainsi qu'à prendre les dispositions appropriées afin de prévenir la commission de tels actes à l'avenir. »

Aussi, demande, la CPI aux autorités, de poursuivre et juger les auteurs des violences dans les territoires de Djugu et Mahagi.

« J'encourage les autorités compétentes de la RDC, conformément au principe de complémentarité qui est au cœur du Statut de Rome et qui confère aux Etats parties la responsabilité première de poursuivre et de juger, à intensifier leurs efforts pour que des enquêtes véritables soient menées. Ceci afin de faire la lumière sur les crimes allégués, et à traduire en justice tous les auteurs et complices impliqués dans la perpétration des actes criminels, enregistrés dans la région de l'Ituri. », ajoute Fatou Bensouda.

Pour rappel, à la suite des guerres civiles éclatées en Ituri en 1999, la CPI avait réussi à arrêter et juger notamment des anciens chefs de guerre parmi lesquels Thomas Lubanga qui a recouvré sa liberté après une dizaine d’années de détention.

« Mon Bureau va intensifier ses contacts avec les autorités congolaises pour renforcer le travail déjà initié en vue de cartographier les incidents relevant potentiellement de la compétence de la CPI et d'échanger avec les autorités sur les mesures urgentes à prendre, en particulier dans le cadre du traitement des cas prioritaires par la justice congolaise. », précise la Procureure de la Cour pénale internationale.

Les violences déclenchées fin 2017 dans le territoire de Djugu a fait des centaines de morts, des villages entiers incendiés, plus de 300 000 déplacés internes selon le HCR et plus de 3 millions d’après la société civile de l’Ituri qui fait également état d’au moins 600 personnes tuées par les miliciens depuis le début de cette année dans cette partie du pays.

D’après un rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, les tueries dans le territoire de Djugu « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ».

Patrick MAKI