RDC : « Nous avons les deux clefs de l’avenir du monde, avec le cobalt et les forêts du Bassin du Congo » (Albert Yuma)

Photo droits tiers

Albert Yuma Mulimbi, président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) et président du conseil d’administration de la GECAMINES (Société Générale des Carrières et des Mines), recommande au nouveau gouvernement de ne pas perdre l’opportunité unique que représente le cobalt pour le pays : « Je forme le vœu que le nouveau gouvernement fasse de la question de la réappropriation du cobalt par la RDC une priorité nationale absolue ». La déclaration a été faite lors de la 5e édition du forum économique Makutano

Pour rappel, le cobalt, le germanium, et la colombo-tantalite ont été déclarés, depuis 2018, substances minérales stratégiques en RDC. Minerais stratégiques veulent également dire qu’ils sont considérés comme leviers importants pour la mobilisation des recettes, mais aussi pour le développement du pays. Plus de 60% du cobalt provient de la RDC où il est exploité essentiellement par Glencore, China Molybdenum Co et d’autres opérateurs de moindre envergure.

Après que le cobalt a été classé comme minerai stratégique et les revendications du G7-miniers, le cours du cobalt s’est écrasé, a immédiatement chuté. Ce qui aura un impact sur les recettes du pays, cette année. Ainsi, la loi des finances 2019, évaluée en recettes comme en dépenses à 5,9 milliards USD, pourrait connaître des difficultés dans son application. Le prix du cobalt a chuté de 95.000 USD la tonne, en mars 2018, à 35.000 USD la tonne, en janvier 2019. Alors que le Budget 2019 projetait la production du cobalt à 100.000 tonnes, en 2019, et au prix de 95.000 USD contre 93.405 tonnes, en 2018.

Selon les estimations du Fonds Monétaire International (FMI), la croissance du PIB devrait fléchir à 4,3% en 2019, du fait de la baisse des prix du cuivre et du cobalt après les pics enregistrés en 2018. Un déficit budgétaire de 0,2% du PIB est attendu, car les recettes minières devraient être plus faibles qu’en 2018. Le déficit courant devrait tomber à 3,5% du PIB, et les réserves de change de la Banque Centrale devraient monter à 3,7 semaines d’importations.

Albert Yuma propose la mise en place des conditions et le cadre pour que les cours ne soient pas affectés par des politiques dictées de l’extérieur du pays.

« Si, par une action résolue, la RDC arrive à juguler les contrecoups des marchés sur le cours du cobalt, rien ne nous empêchera plus de mettre enfin en place un outil financier spécifique, dédié à la mise en œuvre des politiques publiques du gouvernement », a-t-il dit.

Souverainiste, il entrevoit ainsi que ce fonds qui devra être abondé par des ressources issues notamment de la commercialisation de ce minerais stratégique, devra également servir de collatéral à des emprunts obligataires, permettant sur une dizaine d’années de lever autour de 20 milliards de dollars à affecter à des projets prioritaires.

« C’est ainsi que tous les pays qui disposent de ressources naturelles en quantités importantes, souvent avec une position stratégique inférieure à la nôtre, ont agi sur leur marché, comme les pays arabes pour le pétrole ou les Emiratis pour le gaz. Mais, pourquoi, nous Congolais, nous devrions nous contenter de partager cette richesse avec le monde, sans en capter toute sa valeur », s’est-il demandé.

Albert Yuma suggère au gouvernement de « décider que la RDC est un pays leader et que nous avons les deux clefs de l’avenir du monde, avec le cobalt et les forêts du Bassin du Congo ».