Mapendo ou l’art de se reconstruire après un viol

Mapendo, se reconstruire apres le viol

Habitant le territoire de Rutshuru, l’une des régions assiégées par des groupes armés dans l’Est de la RDCongo, Mapendo a été violée, il y a trois ans, par deux hommes armés. Les faits se sont déroulés  alors qu’elle labourait son champ non loin de l’agglomération de Kiwanja, dans la province du Nord-Kivu.

Aujourd’hui, Mapendo tente de se reconstruire mais elle explique qu’elle souffre toujours de ces horreurs et  affirme qu’elle réapprend à vivre après l’épreuve traumatisante qu’elle a traversée. «Avoir été violée est un évènement extrêmement douloureux, mais je cherche à reconstruire ma vie…et cela en exprimant mes émotions et en exerçant en même temps des petites activités économiques pour la survie de ma famille », explique-t-elle, accroupie devant son étalage.

La cinquantaine, elle fait savoir que son mari l’a abandonnée après avoir appris qu’elle avait été violée. Mapendo explique qu’elle a eu une double peine : celle de subvenir aux besoins de sa famille et ensuite prendre soin d’elle-même après le viol. « Cela n’a donc fait que raviver une plaie qui me faisait tellement souffrir, mais je n’avais pas de choix », se morfond-elle.

Malgré les regards et la stigmatisation au sein de sa communauté, elle a décidé de parler de sa situation à une autre femme qu’elle estimait plus sage dans son quartier. « Cette femme m’a beaucoup aidé. Elle devait aussi s’occuper de sa famille parce qu’elle avait été abandonnée par son mari… elle m’a sûrement appris à dire ce que je ressentais et à supporter les séquelles du viol sans en souffrir plus», confie Mapendo avant d’ajouter « petit à petit, j’ai commencé à fréquenter les gens et surtout des groupes solidaires comme des associations villageoises d’épargne et de crédit. C’est ainsi que j’ai pu réaliser des petites activités commerciales »

Mapendo a certainement mis du temps, mais elle estime que « son combat pour revivre » commence à porter des fruits bien que ses conditions de vie n’aient pas beaucoup changer. Dans son quartier, elle est actuellement connue « la vendeuse des braises et des épices ». Et finalement, avoue-t-elle à Actualite.CD, « j’ai décidé de partager mon témoignage pour aider d’autres femmes victimes de violence sexuelle, à guérir de leur traumatisme et à se reconstruire

Joseph Tsongo