Kinshasa : Au marché de Delvaux, les vendeurs exigent la démolition des magasins qui obstruent la vue de leurs marchandises

Photo ACTUALITE.CD.

Modernisé et réhabilité il y a environ 2 ans, le marché de Delvaux, dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa, ressemble quasiment à un désert, ces jours-ci. On y trouve à peine quelques vendeurs de vêtements qui n’exploitent même pas la moitié des étalages disponibles. La majorité des vendeurs préfère vendre le long des rues voisines du marché alors qu’il y a une autre partie des vendeurs qui s’amasse aux abords de la route de Matadi, la nationale numéro 1.

Ils justifient cette situation par l’emplacement de ce marché qu’ils jugent “mauvais”. Il a été construit derrière des gros magasins. Pour les marchands, cela empêche la visibilité du marché aux passagers et potentiels acheteurs.

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Les marchands préfèrent exposer leurs articles devant les magasins construits devant leur marché

« Notre marché de Delvaux a été mal construit. Partout au monde, les marchés sont faits de manière à ce que les étalages soient à l'entrée du marché et les magasins en arrière, mais ce n'est pas le cas avec notre marché. Il a été construit enclavé par les magasins et les étalages au milieu, lorsqu'il y a beaucoup de soleil, les murs chauffent et la chaleur devient insupportable. C'est impossible de vendre nos produits périssables dans ces circonstances. En plus, un client véhiculé n'acceptera jamais de laisser son véhicule en insécurité loin à l'extérieur pour entrer dans cet espace enclavé pour acheter des fruits. Les produits que nous vendons nécessitent beaucoup de visibilité pour attirer les clients, raison pour laquelle nous vendons ici dans la rue. Nous irons vendre dans le marché le jour où les autorités mettront à exécution la démolition de tous ces magasins à l'entrée du marché et laisseront la place aux étalages. Au cas contraire, nous resterons dans la rue », explique Marie-Josée Diasonama, vendeuse des fruits.

Outre l’emplacement, le manque d'entretien de ce marché et l’état peu commode des installations hygiéniques laissent également à désirer. Pour certains, ce serait aussi la base du refus de vendre à l’intérieur. 

« Un client qui passe sur la route de Matadi ne saura jamais qu'il y a un marché derrière ces magasins, à moins qu'on ne le lui dise. Et, puis à l'intérieur du marché, les toilettes sont très sales, semblables à des poubelles nous exposant ainsi à plusieurs maladies. En plus de cela l'espace à l'intérieur est insuffisant pour contenir tous les vendeurs. Nous sommes nombreuses, nous n'acceptons pas que d'autres soient à l'extérieur et d'autres dans le marché, voilà pourquoi nous sommes tous dans la rue », renchérit une autre vendeuse qui a requis l’anonymat.

De son côté, la présidente du syndicat des vendeurs du marché de Delvaux demande aux autorités de s’imprégner de cette situation. Pour elle, la construction du marché n’a pas répondu aux attentes des vendeurs. 

« Nous lançons un appel au président de la République de donner l'ordre au ministre chargé du Commerce ou aux autorités urbaines de faire une descente ici au marché de Delvaux afin qu'ils prennent connaissance de la situation sur le terrain. Lorsque les travaux de modernisation du marché avaient débuté, l'entreprise chargée de ces travaux avait clôturé le marché avec des tôles et nous refusait l'accès pour que nous puissions voir le déroulement des travaux et à l'ouverture du marché nous avons trouvé un résultat contraire à ce qui était prévu », a expliqué Mme Astrid.

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Des étalages abandonnés par les marchands 

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, avait lancé début juin la campagne « Kin bopeto ». Cette opération consiste à assainir la capitale congolaise en détruisant notamment tous les marchés pirates. Les bourgmestres ont été instruits pour exécuter cette mission en compagnie de la police, d’où les inquiétudes de ces marchands.  

Divina Izemengia