Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus d'une femme sur trois indique avoir été exposée à des violences physiques ou sexuelles. Ce lundi 13 mai, la rédaction femme d'Actualité.cd vous propose les témoignages de Tina et Falone - noms d'emprunt -, deux jeunes femmes des quartiers Malueka (à l'ouest) et Kingabwa (à l'est) de Kinshasa.
On entend par violence conjugale, tout comportement dans un couple qui cause un préjudice d’ordre physique, sexuel ou psychologique à l'un des partenaires. Difficile cependant pour certaines femmes de relater ce qu’elles subissent au quotidien, la plupart préfèrent ne pas exposer les violences auxquelles elles sont confrontées dans leur couple.
Tina a, pourtant, accepté de relater ce qu’elle vit. Les traces des coups reçus sont encore visibles sur son visage... Elle explique que tout a commencé lors d’une dispute avec son conjoint. “ C’était un soir, la semaine dernière. Aux environs de minuit, il est rentré à la maison et il empestait l’alcool. Ce n’est pas la première fois qu’il rentre dans cet état. Comme d’habitude j’ai voulu lui parler, il m’a rouée de coups,” regrette Tina avant de poursuivre “cette nuit-là quand il a arrêté de me battre, j’ai fait une hémorragie. Les voisins m’ont conduit à l'hôpital. Dès mon retour à la maison, il m’a battue à nouveau. Cela a duré deux semaines. J’ai décidé de retourner vivre chez mes parents.”
Tina n’a pas renoncé à son amour pour le jeune homme. “Il a eu le courage de me battre parce qu’il n’a pas encore versé la dot complète à ma famille. Je sais que lorsqu’il m’aura épousée, il me donnera de la valeur, il va me respecter. Après, il ne pourra plus lever la main sur moi. En plus, c’est lui qui prend en charge mes soins de santé. Je vais me remettre avec lui”, dit-elle courageusement.
“Quand j’ai eu le deuxième enfant, il a commencé à me battre sans aucune raison”
Falone Bompe est mère de deux enfants. Elle habite Kingabwa. Elle a décidé de quitter son foyer pour fuir les coups de son partenaire. “Cela va faire quatre ans que nous sommes ensemble. Quand j’ai eu mon premier fils, tout allait bien. Parfois, il nous arrivait de nous disputer mais nous arrivions toujours à trouver un point d’entente. Quand j’ai eu le deuxième enfant, il a commencé à me battre sans aucune raison valable.” Falone n’a pas fait d’études universitaires et ne travaille pas. Elle a décidé de rentrer vivre chez son père. Depuis, elle a créé un petit commerce.“Mon père n’est pas du tout au courant de ce que j’ai enduré. Je ne me suis pas plainte auprès de lui parce qu'il n'avait jamais voulu de cette relation. En plus, mon partenaire ne voulait pas que je travaille “, confie Falone.
Eduquer les hommes dès leur plus jeune âge
Jeanine Gabriel Ngungu est coordonnatrice de la coalition “Nous pouvons”, une association investie dans la défense des droits de la femme. Pour éradiquer les violences conjugales, elle propose d'orienter l'éducation des garçons dans la protection et la défense des femmes. “Les violences conjugales font partie des violations de droits humains. Quand les femmes élèvent les enfants, elles devraient inclure l’idée de ne jamais lever la main sur une fille. C'est la meilleure façon de les initier à la protection des droits des femmes et de combattre les violences faites à la femme,” souligne-t-elle.
La Ligue pour les droits de la femme congolaise (LDFC) a mis en place un bureau pour traiter les questions de violences conjugales. “ Nous avons organisé une formation pour les couples. Après la formation, nous nous sommes rendus compte qu'il y avait plus de violences conjugales qu'on ne le pense. Nous avons suivi 70 couples et nous en avons fidélisé une vingtaine. Actuellement, trois femmes sont passées déposer leurs plaintes depuis le début de l’année”, indique Angélique Kipulu, secrétaire générale de cette Ligue.
Prisca Lokale