Paludisme : quels risques pour la femme enceinte ?

Infirmière soignant un enfant malade.

Les études gynécologiques ont démontré que la grossesse a des répercussions sur l’ensemble du corps de la femme. Qu’elles soient liées au système cardiovasculaire, digestif, respiratoire, nerveux, reproductif et urinaire, les médecins donnent des instructions à respecter pour une maternité sans incident. Jeudi 25 avril 2019, le monde a célébré la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Actualite.cd a contacté le Dr Franck Akamba, pour parler des conséquences du paludisme pour la femme enceinte et l’importance de bénéficier des soins de santé appropriés.

Bonjour, Docteur Franck Akamba, vous êtes expert en santé sexuelle et reproductive (SSR). Depuis combien de temps exercez-vous dans ce domaine ?

Franck Akamba : Cela va faire onze ans maintenant que je travaille en tant que spécialiste et expert en santé sexuelle et reproductive. Je suis également conseiller de projet et directeur d’un projet de santé de la reproduction à Tulane International, une organisation spécialisée en planification familiale ici, en RDC.

Docteur Franck Akamba, pouvez-vous nous parler des risques que présente le paludisme pour une femme enceinte ?

FA : Le paludisme peut affecter le bon déroulement de la grossesse et entraîner un avortement spontané. Il peut aussi occasionner un faible poids du côté du nouveau-né. Lorsque le paludisme n’est pas correctement soigné, il peut conduire au décès de la mère et de l’enfant.

Quelles autres conséquence le paludisme peut-il entraîner dans le corps de la femme ?

FA : En dehors des risques que nous avons cité, le paludisme grave peut entraîner un collapsus circulatoire. C’est-à-dire que la personne affectée ne pourra pas avoir des performances sexuelles pendant la phase de maladie grave.

Dites-nous, Docteur, pourquoi est-il très important pour une femme enceinte d’avoir des soins de santé appropriés pour cette maladie ?

FA : C’est pour éviter la survenue de toutes ces complications qui peuvent entraîner la mort. D’ailleurs, le traitement dans nos milieux commence par la prévention. Nous invitons chaque femme enceinte à suivre en moyenne 4 consultations prénatales (CPN) pour bénéficier de la prophylaxie contre le paludisme et être correctement soignée si elle est déjà atteinte. Pour cette dernière, pendant le traitement, on surveille la bonne évolution de la grossesse

Conformément au protocole de Maputo, reconnaissant le droit d’une femme à l’avortement, le paludisme peut-il aussi être une cause pour recommander un avortement sécurisé à une femme enceinte ?

FA : Non, le paludisme ne peut pas être une cause d'avortement sécurisé. Il peut cependant provoquer un avortement spontané qui peut nécessiter des soins après avortement pour compléter l'avortement si le produit de conception n'était pas sorti complètement...

Une large campagne de vaccination a été entamée ce lundi au Malawi. Ensuite ce sera le tour du Kenya et du Ghana. En avez-vous entendu parlé ?

FA : Oui, ce vaccin était en expérimentation depuis plusieurs années. Ceci est donc une victoire comme la mise à échelle a démarré. Cela pourrait avoir un impact très positif dans la réduction de l'incidence du paludisme dans les pays en développement et, par conséquent, la réduction du taux de la mortalité liée au paludisme.

Quid de la participation de la RDC ? Que peut-on attendre de ce genre de vaccins ?

FA : Pour la RDC, nous avons le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Je pense pour le bien de chaque citoyen, nous pourrions emboîter les pas comme d’autres pays.

La malaria, qui est la première cause de consultation médicale en RDC, touche surtout les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Pour cette année, les autorités congolaises ont retenu le thème « Je m’engage pour zéro cas de malaria dans mon ménage ! ».

Prisca Lokale