Née en République Démocratique du Congo, Aminah Rwimo a dû fuir le pays pour se réfugier au Kenya, dans le camp de Kakuma. Aujourd’hui, cette jeune réalisatrice veut raconter des histoires et inverser l’image que l’on peut avoir des camps des réfugiés.
« Mon passé est douloureux, je préfère ne pas en parler. Je me focalise sur mon présent et mon futur. Je suis une storyteller et, aujourd’hui, je vais vous raconter ma vie ici dans le camp de Kakuma », c’est avec ces mots poignants et une détermination éblouissante que la jeune femme commence son histoire lors de la rencontre TEDx, qui s’est déroulée l’année dernière dans le camp des réfugiés où elle vit.
De sa vie en RDC, on ne saura pas grand chose, si ce n’est qu’elle a perdu toute sa famille et ses amis, lors de la guerre. Arrivée au Kenya en 2009, elle se retrouve au camp de Kakuma qui abrite environ 185.000 personnes depuis plus de vingt-six ans, essentiellement des mineurs non accompagnés d’origine sud-soudanaise, congolaise, éthiopienne ou encore somalienne. C’est là, perdue dans ce camp où elle se sent seule qu’elle participera à des formations de cinéma, organisée par FilmAid, une structure fondée en 1999 par la productrice Caroline Baron durant la guerre des Balcan pour assister les réfugiés. Cette structure qui travaille en partenariat avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) est, entre autres, basée au Kenya et possède des activités dans les camps de Kakuma et Dadaab.
C’est donc lors des activités de formation au cinéma que Aminah Rwimo a développé sa passion pour le cinéma. Ce qui l’a amenée à réaliser de nombreux courts métrages au camp même de Kakuma. « It has killed my mother », qui relate les douleurs que vivent les femmes suite aux mutilations génitales, est inspirée par le travail qu’elle a réalisé au sein de l’hôpital du camp de réfugiés de Kakuma. Amina Rwimoh utilise sa caméra pour raconter les horreurs qu’elle a pu voir durant ses années dans cet hôpital. Entièrement tourné et produit dans le camp, ce documentaire a été sélectionné l’année dernière au Festival international du cinéma de Zanzibar, dans la catégorie documentaire. Aminah, qui n’en est pas à son premier film, espère continuer à raconter la vie au sein de Kakuma pour changer la perception que l’on peut avoir des réfugiés. Comme tant d’autres avant elle qui sont passées par ce camp, son but est de prouver qu’être réfugiée n’est pas une fatalité.
Kudjirakwinja Nabintu