RDC : A l’UNIKIN, les étudiants ne décolèrent pas

Les policiers en train de dégager la voie qui mène à l'UNIKIN

La situation est toujours tendue à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) suite à une série de manifestations des étudiants pour réclamer la reprise des cours après deux mois d’arrêt consécutif à la grève des professeurs. Deux étudiants ont été tués lors des répressions de la police.

Retour sur la journée de vendredi

La situation a semblé se calmer aux alentours de 13 heures. Bouteilles cassées, morceaux de bois, barricades jonchent encore les allées du site universitaire. Les rares passants qui tentent de s’aventurer à pied ou à moto sont rapidement dissuadés par les personnes qui sortent du site universitaire : la situation est encore tendue. Près de l’arrêt Intendance, la police a installé ce qu’on appelle ici le QG. Un camion, deux jeeps et une vingtaine de policiers guettent les moindres mouvements des étudiants. A l’arrière d’une des jeeps de la police, cinq jeunes sont entassées. Parmi eux, il y a Shadrack. Les yeux gonflés, la chemise ensanglantée, il implore la pitié.

« Je demande pardon. Ma famille n’est pas ici. Je suis à Kinshasa depuis 2012. Je suis seul », hurle-t-il entouré des policiers.

A côté de lui, quatre autres jeunes. Ils disent venir de Kindele, un quartier de la périphérie de Kinshasa. Ils ne sont pas étudiants. Ils sont présentés comme des kuluna, des casseurs. Insultés, battus et presque nus, ils ne parlent plus. Ils se laissent filmer par les téléphones des policiers. Quelques minutes plus tard, le général Sylvano Kasongo débarque. Le n° 1 de la police de Kinshasa fait libérer Shadrack après l’avoir identifié. Un peu groggy, mais surtout soulagé, cet étudiant de la faculté des lettres reprend le chemin du home.

« J’étais arrêté juste après la manifestation. J’ai participé à la manifestation. Et quand j’ai quitté les amis pour aller changer les habits et, là, j’ai rencontré des policiers près du marché et c’est là qu’ils m’ont arrêté », explique-t-il.

Malgré ce qui lui est arrivé, il ne regrette pas d’avoir pris part à cette manifestation.

« Cela fait deux mois que nous n’étudions pas. Les professeurs sont en grève. Moi, par exemple, je suis venu à Kinshasa pour étudier. Avec cette grève, je ne sais pas quoi faire. Ici, nous sommes habitués aux années élastiques, moi je suis en troisième année de graduat. J’ai juste envie de terminer mes études », ajoute Shadrack qui s’impatiente de rejoindre un endroit plus calme.

Pendant qu’il s’éloigne, le général Sylvano Kasongo pénètre sur le site du campus. Il veut calmer les étudiants. Il roule pendant environ cinq minutes et s’arrête devant une nouvelle foule. Les esprits se chauffent. Les étudiants sont nombreux, une centaine peut-être. Ils chantent, ils hurlent. Ils ne sont pas prêts à s’arrêter. Le face-à-face durera plusieurs minutes avant que la situation ne se calme.

Au soir, Steve Mbikayi, ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), annonce un accord avec l’Association des professeurs de l'UNIKIN et la reprise des cours, dès la semaine prochaine. Pas assez pour les étudiants qui se sont rassemblés encore ce samedi.  

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