Report de la présidentielle : “Le gouvernement prend acte des propos de Nangaa” - (Mende)

Le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, a déclaré, dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce mardi 11 juillet 2017, que le gouvernement a pris acte de la position du président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) sur la probabilité de renvoyer les élections au-delà du 31 décembre 2017.

<b>Quelle est votre réaction après l’annonce du report des élections faite par Corneille Nangaa ?</b>

Le gouvernement ne peut que prendre acte de ce constat bien qu’il n’ait pas encore été officiellement informé de cette position de la CENI qui est indépendante. Donc nous ne pouvons pas porter un jugement de valeur sur une position que prend une institution dont la constitution a consacré l’indépendance. Nous ne pouvons que prendre acte. Nous coopérons avec la CENI en lui fournissant des moyens financiers, en lui garantissant la sécurité lorsqu’il s’agit de déploiement pour faire le travail, ça s’arrête là. Nous n’avons donc pas à nous mêler quand la CENI prend ses décisions. En outre, l’Accord du 31 décembre ne fait qu’une seule obligation : «au cas où la CENI rencontre des difficultés».   Et peut-être que nous sommes dans ce cas. Nous le saurons lorsque nous aurons la réunion officielle avec elle puisque ce n’est pas à travers l’OIF (Office international de la Francophonie) que la CENI traite avec le gouvernement. La CENI fera une communication au gouvernement sûrement. On a demandé par les négociateurs de l’Accord du 31 décembre au gouvernement, au CNSA et à la CENI de statuer ensemble sur les mesures à prendre pour résoudre ensemble les problèmes posés par les difficultés que la CENI aura rencontrées.

<b>Cette déclaration de la CENI ne met-elle pas à l’arrêt l’application de l’Accord qui appelle aux élections à la fin de cette année ?</b>

Non ! Cette façon d’interpréter n’est pas correcte. L’Accord demande que les trois rounds des élections soient organisés avant la fin de l’année 2017. Et l’Accord ajoute - parce que je suis un des négociateurs de cet Accord - que, toutefois, la CENI, le gouvernement et le CNSA peuvent unanimement décider de ce qu’il convient de faire au cas où les problèmes peuvent s’imposer. Probablement nous sommes dans ce cas là et seule la CENI peut nous le dire. Mais nous attendons qu’elle nous en fasse une communication officielle. Donc l’Accord ne s’arrête pas seulement à une date. Il dit plutôt qu’en cas des difficultés, trois institutions se concertent pour gérer les difficultés.

<b>Pourtant lors des négociations vous aviez fait la promesse au peuple qu’il y aura des élections cette année ?</b>

Croyez-vous que les problèmes des Congolais seraient résolus quand il y aura des élections ? Arrêtez de prendre les Congolais pour des demeurés. Je vous demande de jeter un coup d’œil au Soudan. Il y a six ans, le monde entier avait crié que le référendum allait permettre au Sud-Soudan de faire la sécession allait résoudre tous les problèmes des Sud-Soudanais. Aujourd’hui,six ans après, les Sud-Soudanais n’ont jamais été dans une situation aussi pire que celle qu’ils connaissent aujourd’hui après avoir fait cette sécession soutenue par une certaine communauté internationale. Aujourd’hui, ils disent qu’ils étaient mieux quand ils étaient administrés par Khartoum. Donc il faut arrêter de tromper des gens en disant qu’une élection seule va résoudre les problèmes des gens. Nous avons décidé qu’il y aurait une élection en décembre 2017. Puis nous avons ajouté qu’en cas des difficultés, trois institutions se concertent pour gérer ça. Il faut plutôt lire l’accord dans sa globalité, au lieu de le saucissonner pour créer, je ne sais quelle peur dans les esprits des gens sinon nous allons connaître la situation du Soudan aujourd’hui.

<b>Après concertation des trois institutions, si l’impossibilité de tenir les élections dans le délai s’avère, qu’est-ce qu’il faudra faire ?</b>

Ces trois organes vont décider de ce qu’il faut faire.  L’organe qui est central pour organiser les élections, la CENI, a donné des raisons selon lesquelles les élections seront impossibles dans le délai. Maintenant pour savoir ce qu’il faut faire, c’est quand les trois organes vont se réunir. Et le président de la CENI a eu l’honnêteté de le dire qu’il est incapable de donner les solutions sans avoir rencontré le gouvernement et le CNSA. Voilà ce qui est dans l’Accord. Il ne faut pas faire dire à l’Accord ce qu’il ne dit pas.

<b>C’est quoi les priorités des Congolais actuellement, selon vous ?</b>

Les priorités des Congolais aujourd’hui comme hier ou demain, c’est la paix, la démocratie et le respect de tous les fondamentaux d’un État des droits. Donc ça ne se réduit pas seulement à l’élection. C’est un ensemble des conditions dans lesquelles les gens vivent ensemble et dans lesquelles s’insèrent également les élections. Il ne faut pas ramener tout aux élections. Six ans après les élections, au Soudan ils sont en train de s’entretuer aujourd’hui. Donc les élections ne sont pas seules la solution, il faut arrêter de tromper les Africains.

<b>Interview réalisée par Stanys Bujakera </b>