Le vice-président de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo), Mgr Ambongo, a dit ne pas comprendre comment le président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) s’est livré à l'annonce de la non-tenue des élections en 2017 sans concertation au préalable avec tous les organes compétents au regard de l’accord du 31 décembre. Pour le prélat qui a répondu aux questions d’ACTUALITE.CD, la CENI devrait, avant d’annoncer un quelconque report, faire le point sur le processus d'enrôlement des électeurs et éclairer l’opinion sur l’étape suivante.
<b>Quelle est votre réaction après l’annonce du report des élections par Corneille Nangaa ?</b>
Nous avons reçu l’information à travers les médias. Vous savez que, depuis la fin du mois de mars, nous nous sommes mis en retrait avec cette histoire. Mais, si un grand responsable comme Corneille Nangaa fait une déclaration pareille, nous supposons qu’il en a parlé avec tous les responsables concernés tels que la CENI, le CNSA et le gouvernement, comme prévu dans l’Accord. Alors en faisant cette déclaration, je crois qu’il en a parlé avec ces trois organes cités.
<b>Mais cela n’a pas été le cas vu que lui-même dit qu’il faudra voir avec le CNSA et le gouvernement dans quelle mesure envisager le chronogramme pour la tenue des élections après décembre 2017…</b>
C’est ça qui me paraît tellement curieux. Comment peut-il faire cette déclaration avant même concertation avec les organes compétents ? Je trouve ça très curieux cette manière d’agir dans un pays responsable.
<b>Qu’est-ce qui va se passer, d’après vous, après cette annonce ?</b>
Nous pensons que cela est mal pris ici parce que ce que nous attendons pour le moment du président de la CENI, ce n’est pas qu’il nous dise que les élections n’auront pas lieu d’ici la fin de l’année. Mais qu’il nous dise plutôt où est-ce qu’il en est avec l’enrôlement. C’est ce que le peuple congolais attend de lui. Il devrait plutôt nous dire ça car, selon son programme, il est censé terminer au mois de juillet. Et nous sommes au mois de juillet. Il aurait dû nous parler de l’étape suivante après la fin de l’enrôlement.
<b>Mais l’Accord également n’a pas prévu une issue en cas de la non-tenue des élections cette année…</b>
Oui, mais avant de conclure qu’il n’y aura pas d’élections cette année, il fallait une concertation des organes concernés par l’Accord du 31 décembre. Mais, jusque-là, j’ai l’impression que ces organes ne se sont pas concertés.
<b>Et que dire du fait que Corneille Nangaa déclare qu’il faut rapidement installer le CNSA ?</b>
Moi, je crains plutôt qu’en l’absence de la mise en place du CNSA notamment, que la CENI ait une carte blanche pour prendre des décisions qui ne relèvent pas de sa compétence.
<b>Pensez-vous qu’il est encore possible d’organiser les élections cette année ?</b>
Dans notre déclaration, nous avons dit que les élections doivent se tenir cette année. Et, jusque-là, personne ne nous a amené d’autres éléments contraires pour nous convaincre que ce n’est pas possible d’organiser les élections. Tout ce que nous constatons jusque-là, c’est l’accumulation de mauvaises volontés pour ne pas organiser les élections.
<b>Les élections n’ont-elles pas été évoquées lors de la rencontre entre Joseph Kabila et Mgr Utembi ?</b>
Je ne sais pas, je n’étais pas dans cette rencontre. Il faut peut-être poser la question à tous les deux.
<b>Faudra-t-il appeler le peuple à des manifestations ou opter pour une autre solution, d’après vous ?</b>
Il n'y a personne qui souhaite l’embrasement du pays. Mais le peuple a le droit d’exprimer sa mauvaise humeur quand il y a des frustrations, dans un système démocratique. Et, dans tous les pays qui se respectent dans le monde, le seul moyen pour le peuple de s’exprimer c’est des manifestations pacifiques.
<b>Le peuple peut-il compter sur les évêques en cas d’une marche pacifique ?</b>
Vous connaissez très bien le rôle de l’église, ce n’est pas de faire des manifestations politiques. Mais cela ne veut pas dire que les membres de l’église ne doivent pas participer à des manifestations surtout des membres laïcs. Alors je crois que ce serait mal poser la question si on veut mettre l’épiscopat en première ligne pour des questions qui relèvent strictement des jeux politiques. Notre rôle c’est de donner le temps, d’avertir, d’informer la cité qu’il y a danger. C’est dans cela que nous sommes les prophètes et des sentinelles, des veilleurs et des réveilleurs de la cité. Voilà notre rôle ! Mais nous attendons de la classe politique, que chacun assume sa responsabilité vis-à-vis de la Nation.
<b>Mais est-ce que c’est à la CENCO de décider de la tenue des élections alors que cela relève de la compétence de la CENI ?</b>
La CENI n’est pas un organe déconnecté des autres organes du pays. Dans l’Accord, il était clairement dit que les élections auront lieu à la fin de 2017. Mais, en cas des difficultés, on n’a pas dit que la CENI décide toute seule. On a dit que la CENI se concerte avec le gouvernement et le CNSA. Donc nous ne contestons pas la compétence de la CENI, mais qu’elle dialogue avec tous les organes du pays.
Vous pouvez suivre cette Interview réalisée par <strong>Rachel Kitsita</strong> <a href="https://soundcloud.com/actualitecd/cest-curieux-de-reporter-des-electio…;.
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