Trois ans de l'activisme des Mobondo : l'armée affirme avoir rétabli la paix à 80 %

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FARDC

Après trois ans de persistance de la milice Mobondo à Kwamouth, affectant toute la région du Grand Bandundu, l'heure est à l'évaluation des opérations militaires menées dans la région. 

Dans une interview exclusive à actualite.cd vendredi 13 juin, le porte-parole de l'armée affirme que les FARDC ont rétabli la paix à quatre-vingts pour cent de la région affectée par la crise, et ce dans le cadre de l'opération Ngemba, lancée pour pacifier la région.

Le Capitaine Anthony Mualushayi a exprimé le satisfecit de l'armée suite au retour "progressif" des déplacés dans leurs villages hier " invivables".

" Trois ans après, j'ai l'honneur de vous dire que nous, militaires, avons l'honneur d'avoir ramené la paix, au moins à 80 % dans cet espace. L'armée est fière de voir les déplacés retourner dans leurs villages, bien que ce ne soit pas encore à 100 %. L'armée est fière de voir plusieurs villages dans le territoire de Kwamouth, dans la province du Kwango, dans la province de Maï-Ndombe, retrouver la paix. Nous avons lancé les opérations en 2022 ; cet espace était invivable", a déclaré le Capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole de la onzième région militaire.

Autres résultats, cite-t-il : la réouverture du trafic sur la RN17 à Kwamouth et sur le fleuve Congo, des voies de communication qui étaient le théâtre des attaques des miliciens contre les voyageurs et les transporteurs.

" Aujourd'hui, les véhicules circulent librement dans le Kwamouth qui posait problème, qui était le bastion des miliciens. Aujourd'hui, les baleiniers naviguent librement sur le fleuve Congo sans être inquiétés, et cela grâce à l'opération Ngemba lancée par l'armée républicaine " a-t-il ajouté.

Sur la présence des factions de miliciens encore signalées dans certains villages, le porte-parole de l'armée déplore la manipulation de certains acteurs politiques qui œuvreraient dans l'ombre et qui seraient à Kinshasa et dans la région de Bandundu. Il invite la population à la collaboration totale avec l'armée pour la paix effective.

"Bien que les Mobondo, essoufflés, se soient divisés en plusieurs factions commandées par certains individus qui n'aiment pas le retour de la paix dans cette zone, et aussi avec l'implication de certains hommes politiques qui sont à Kinshasa et dans l'espace Grand Bandundu et qui manipulent les jeunes gens pour leurs intérêts. Si nous continuons ensemble avec notre population dans cet élan, il y a l'espoir de voir l'ensemble de cette zone être pacifiée à 100 %", a-t-il poursuivi.

L'armée appelle cependant à l'unité et donne des assurances à la population qu'elle invite à développer la culture de la paix.

Le 12 juin 2022 marquait le début d’une crise qualifiée à l’époque de "conflit intercommunautaire" entre les Teke et les Yaka. Le point de départ : le village de Masiakwa, dans le Maï-Ndombe, où une dispute autour de la redevance coutumière imposée par les chefs Teke aux populations allochtones en majorité Yaka a dégénéré. Ces dernières s’étaient opposées à une majoration du tribut, passé d’un à cinq sacs par récolte. Devant leur refus, des habitants Teke auraient décidé de les expulser de Kwamouth.

Ce conflit a rapidement viré à une violence extrême : maisons incendiées, massacres de civils, déplacements massifs. Les villages de Masiakwa, Ngambomi, Béthanie, Etumba Na Ngwaka, Bisiala et Kinsele ont été parmi les plus touchés par les atrocités. Ce qui était considéré comme des tensions entre communautés s'est vite transformé en une milice bien organisée, s'opposant aux forces de défense et de sécurité dépêchées en mission de paix. D'après un rapport de Human Rights Watch, la milice Mobondo faisait référence à "des fétiches" pour commettre des exactions, se faisant armer par la suite.

À partir de septembre 2022, la violence a débordé vers Bagata (Kwilu), faisant plusieurs victimes. En mai 2023, c’est le territoire de Kenge (Kwango) qui a été touché, notamment au village Batshongo, avant que la crise ne gagne Popokabaka. 

À Kwamouth et à Bagata, les chefs coutumiers furent les premières cibles de la milice. Nombre d’entre eux ont été égorgés avant que  les violences ne s’étendent à l’ensemble des communautés.

Jonathan Mesa