En 100 ans, aucune espèce perdue au parc des Virunga qui résiste contre l'exploitation illicite, l'envahissement et l'activisme des groupes armés

Ph. ACTUALITE.CD
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Le parc national des Virunga a inauguré son centième anniversaire ce lundi 21 avril 2025 sous des défis liés à la menace de sa biodiversité, d'un côté par les populations riveraines, de l'autre par des groupes armés. Créé en 1925, cette aire protégée, l'une des plus anciennes au monde, a su résister aux soubresauts. Il vit, survit et se développe au fil des années.

100 ans sans espèces perdues

En dépit d'une pression croissante sur sa biodiversité, le parc des Virunga a su maintenir ses espèces. Les efforts conjugués les 100 dernières années se traduisent par la richesse actuelle de 706 espèces d'oiseaux dont deux nouvellement découvertes, 250 espèces de mammifères et reptiles. Également, il se note une croissance de 4,5% des gorilles de montagne qui sont à 350 individus triplement que les années 1970, aux côtés de 544 éléphants et 1300 hippopotames.

À ses 17 ans à la tête de la conservation du parc des Virunga, Emmanuel de Merode, directeur du parc épingle la recherche des terres comme une des épines dorsales pour les écogardes.

« La tension est liée aux terres. Mais la population a besoin des terres. La seule solution c'est moderniser l'économie qui ne dépend pas nécessairement de la terre… À cause de ces besoins, les gens ont envahi le parc et ont enfreint les lois de la République », a déclaré Emmanuel de Merode.

D’autres défis du parc des Virunga

Au-delà de l'envahissement des populations riveraines, le parc des Virunga soupire entre l'activisme des groupes armés et l'exploitation illicite de ses ressources. L'ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature) note qu'environ 50% du parc est actuellement « sous occupation armée »  entre autres par  les rebelles du M23, les ADF, les Maï-Maï ou encore les FDLR. L'exploitation des ressources permet, par ricochet, à certains groupes armés de survivre dans le parc qui fait face aussi à la pression de l'exploitation des riverains qui activent le braconnage, l'exploitation des bois ou encore la pêche illicite dans le lac Édouard. En vrai, il s'est développé un circuit économique illicite qui génère des millions de dollars aux exploitants illégaux.

Lors de la cérémonie inaugurale de l'année du centenaire lundi à Beni, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, Somo Evariste a reconnu l'immensité du parc des Virunga et a appelé à une prise de conscience collective pour pérenniser la biodiversité car, dit-il, les regards sont à orienter vers les 100 années à venir.

« Ce parc fait briller à mille feux ce pays. Cent ans, ses merveilles font réveiller le monde...Au-delà de la gloire, les Virunga font face à des pressions multiformes, à des convoitises hostiles. Que cette année soit celle du dialogue sincère entre les uns et les autres afin de renforcer la confiance entre la population et le parc pour le bien de la conservation de la nature, une denrée indispensable aux générations présentes et futures. La célébration du centenaire n'est pas une finalité en soi, mais plutôt un nouveau départ. Elle nous appelle tous à redoubler d'efforts, pour que le parc survive au bénéfice de tous », a lancé le gouverneur.

Quoi qu'il en soit, « les zones clés demeurent protégées » et le parc représente « un symbole de la biodiversité, du développement et de la souveraineté ». Les autorités congolaises et celles de la chaîne de conservation insistent sur la nécessité d'anéantir les menaces contre cette aire protégée, patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dieubon Mughenze, à Beni