RDC : À la veille des négociations, incertitudes sur le cessez-le-feu et tensions persistantes sur le terrain

Les rebelles du M23 dans la ville de Bukavu
Les rebelles du M23 dans la ville de Bukavu

À trois jours des discussions directes entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 sous médiation angolaise, Luanda renouvelle son appel au cessez-le-feu. La présidence angolaise demande une trêve à partir du 16 mars à minuit afin de créer un climat propice aux négociations.

Mais sur le terrain, la situation reste extrêmement tendue. Les précédents cessez-le-feu, notamment celui du 4 août 2024 négocié entre la RDC et le Rwanda sous l’égide de l’Angola, n’ont jamais été appliqués. La méfiance demeure entre les parties, et les affrontements se poursuivent.

Alors que la médiation insiste sur la nécessité d’un cessez-le-feu effectif avant l’ouverture des discussions, les positions divergent. L’AFC/M23 affirme respecter une trêve depuis mars 2024. Un responsable du mouvement déclare que leur engagement reste inchangé, mais qu’ils se défendront si l’armée congolaise lance une offensive. De son côté, Kinshasa ne s’est pas encore officiellement prononcée sur l’appel de Luanda. Une source gouvernementale rappelle cependant le devoir de protéger les populations en cas d’attaques.

Sur le terrain, les combats continuent. Dans le territoire de Kabare, au Sud-Kivu, un affrontement entre des combattants Wazalendo et des éléments du M23 a été signalé vendredi à Cirunga. Un membre présumé Wazalendo a été abattu. Au Nord-Kivu, la situation s’est également dégradée. Les rebelles du M23 se sont emparés, mercredi 12 mars, de la localité de Kashebere, dans le territoire de Walikale. Cette zone constitue un point stratégique reliant plusieurs provinces de l’Est du pays. Les combattants ont ensuite avancé jusqu’à Kibati, à dix kilomètres de Kashebere, et occupent désormais Nyabiondo, ancien bastion de la milice APCLS.

Face à cette escalade, la société minière Alphamin Bisie Mining (ABM) a annoncé, le 14 mars, la suspension de ses activités à Bisié, à environ 180 km au nord-ouest de Goma, invoquant des risques sécuritaires grandissants.

Les autorités régionales tentent d’apporter une réponse diplomatique. Une réunion des ministres des Affaires étrangères de la SADC et de l’EAC est prévue le 17 mars à Harare afin de discuter des modalités d’un cessez-le-feu plus contraignant. À Nairobi, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a plaidé pour une réponse régionale coordonnée contre l’AFC/M23. Elle a insisté sur l’application immédiate de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, demandant le retrait des forces rwandaises et du M23 ainsi que la réouverture des aéroports de Goma et Kavumu.

Kinshasa a confirmé la participation d’une délégation à Luanda pour les discussions, mais sa composition n’est pas encore connue.