La Mission internationale d’observation électorale du Centre Carter (MIOE-Centre Carter) a publié son rapport final le mercredi 24 juillet 2024, documentant plusieurs irrégularités qui ont, selon elle, affecté le bon déroulement du processus électoral de 2023 en République Démocratique du Congo. En réponse, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a vivement critiqué ce document, qu'elle juge rempli d'incohérences.
Didier Manara, le deuxième vice-président de la CENI, a participé à la présentation de ce rapport. Il a déclaré que le rapport contenait "plusieurs incohérences" et a insisté sur le fait que la CENI avait rempli sa mission en organisant les scrutins combinés de décembre 2023 dans les délais constitutionnels.
La MIOE reconnaît que la CENI a mené à bien le processus électoral de 2023 en respectant un calendrier serré, mais elle affirme que l'institution a souffert d'une capacité opérationnelle insuffisante. Pour la CENI, cette affirmation est "contradictoire, gratuite et sournoise" et ne repose sur aucun fait tangible.
Concernant le processus de compilation et d'audit des listes électorales, que la MIOE-Centre Carter juge précipité et manquant de transparence, la CENI soutient que les listes provisoires et définitives des électeurs ont été publiées conformément à la loi et au calendrier électoral. Elle ajoute que l'audit externe du fichier électoral n'est pas une exigence légale en République Démocratique du Congo.
En ce qui concerne le système de représentation proportionnelle utilisé pour l'élection de l'Assemblée nationale, et le seuil électoral de 3 % mentionné par la MIOE, Didier Manara précise que le seuil de représentativité pour les législatives nationales est en réalité de 1 %, et non de 3 %. Il souligne que la complexité du système proportionnel réside davantage dans la méthode d'attribution des sièges par la règle du plus fort reste.
« Comme les voix sont comptabilisées pour le compte de la liste, un candidat peut être proclamé élu à la place de celui qui a recueilli plus de voix dans la circonscription parce que sa liste a recueilli moins de voix. S'agissant du seuil de 10 % au niveau local, ce seuil répond mieux à l'exigence du système représentatif qui veut que le parti ou regroupement politique qui doit gouverner au niveau local ait une emprise réelle et une forte représentation dans cette juridiction », a indiqué Didier Manara, 2ème vice-président de la CENI.
Par ailleurs, la CENI admet que malgré les avancées et innovations mises en œuvre lors des élections du 20 décembre 2023, des réformes supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la conduite des futurs cycles électoraux en RDC et renforcer l'acceptation des résultats par toutes les parties prenantes.
Pour rappel, la mission internationale du Centre Carter avait déployé 16 équipes d'observateurs dans onze provinces de la RDC, à savoir : Sud-Kivu, Nord-Kivu, Tanganyika, Kasaï Central, Kasaï Oriental, Tshopo, Lualaba, Haut-Katanga, Kongo Central, Équateur, et Kinshasa.
Grâce GUKA