Affaire IGF - GECAMINES:"Cela n’est pas un fait qu’on peut qualifier de corruption parce que tout est traçable" ( Jean-Jacques Lumumba, Banquier et Militant anti-corruption)

Jules Alingete
Jules Alingete, Inspecteur général et chef de service à l'IGF. Ph. ACTUALITE.CD

La convention dite « contrat de consultance » signée entre l’Inspection générale des Finances (IGF) et la Générale des Carrières et des Mines (GÉCAMINES SA) ne cesse de susciter des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais.

Si pour certaines personnes, celà constitue une faute "grave" de la part des animateurs de ce service rattaché à la Présidence de la République, Jean-Jacques Lumumba, banquier et militant anti-corruption révèle qu'il y a depuis un certain temps une évolution en ce qui concerne des questions relatives à l'audit et la consultance.

"Vous savez aujourd'hui en France, je travaille comme business analyste et consultant et par rapport à ça mon entreprise est une grande entreprise américaine quand on arrive on fait des audits, on audit une entreprise pour savoir quel est son état, à quel niveau elle se trouve, après avoir fait ça on a ce qu'on appelle aujourd'hui un concept qui s'appelle "change management" au-delà de faire de l'audit et peut être du conseil il faut emmener vers un management de changement, de l'amélioration du processus parce-que on estime qu'une entreprise qui a été auditer doit pouvoir évoluer, doit pouvoir changer et j'ai accompagné plusieurs entreprises que je ne saurais citer ici parceque j'ai continue à travailler à la même entreprise ça fait 7 ans. Au-delà de l'audit, nous faisons l'accompagnement au changement et c'est du conseil en réalité", a dit jeudi 1er août 2024 Jean-Jacques Lumumba, banquier et militant anti-corruption au cours d'une émission réalisée avec Marius Muhunga

Rejetant les allégations selon lesquelles sa position allait dans le sens de défendre l'Inspection Générale des Finances, Jean-Jacques Lumumba estime que lorsque les lois ne sont pas claires celà ouvre le chemin a beaucoup de choses. À l'en croire, pour le cas précis de la convention IGF-GECAMINES, il s'agit d'une pratique qui n'est pas assimilable à la corruption.

"Je ne défends pas ce qu'il a fait mais je dirais une chose ce que quand la loi par exemple en République Démocratique du Congo n'est pas très claire ça ouvre la voie à beaucoup de choses, je suis de façon très quotidien ce qui se passe dans l'actualité Congolaise l'IGF fait aujourd'hui ce qu'on appelle le contrôle a priori, les inspecteurs de l'IGF sont quasiment dans toutes les entreprises celà est un fait qui n'existait pas avant mais aujourd'hui ça se fait mais tout est question d'encadrement par la loi. Dans ce qui a été fait entre l’Inspection générale des finances et la Gécamines, c'est qui se fait aujourd'hui dans pas mal d'entreprises c’est de l’accompagnement, c’est du conseil. Cela pourrait avoir si c'est encadré avoir peut-être une connotation d’éthique. Mais cela n’est pas un fait qu’on peut qualifier de corruption parce que tout est traçable, on voit quels sont les inspecteurs et quelle a été la base de ce qui a été fait", a fait remarquer Jean-Jacques Lumumba dans sa réaction

Pour Jean-Jacques Lumumba, ce qui est interdit c'est lorsque la structure conseillère veut s'immiscer dans la gestion quotidienne de l'entreprise. Dans ce cas précis, il dit noter que l'IGF s'est limitée aux conseils sans s'ingérer dans la gestion de l'entreprise.

"Ce qui est interdit quand on fait de l'audit ensuite de conseil c'est d'avoir part où chapitre dans les décisions de l'exécutif. Et je ne crois pas que l'IGF soit arrivée jusqu'à avoir part dans des conseils de l'exécutif ou influencer la Gecamines à prendre telle ou telle autre décision, je ne pense pas que ce soit arriver jusque-là parce-que quand j'ai lu les réactions de ceux accusent ou contredisent ça il parle qu'il ne fallait pas qu'il fasse quelque chose après mais alors on peut se dire aussi pourquoi il fait de contrôle à priori on se dit derrière ça aussi un impact sur le budget, vous voyez c'est des questions d'interprétation , d'appréciation", a souligné Jean-Jacques Lumumba

La Générale des Carrières et des Mines (Gécamines SA) est une Société Anonyme Unipersonnelle avec Conseil d’Administration (S.A) dont la mission principale est la prospection, la recherche et l'exploitation des gisements miniers, le traitement des substances minérales provenant de ces gisements, la transformation des produits issus de ce traitement, la commercialisation et la vente des substances minérales, tant à l'état brut qu‘après traitement, et des produits de la transformation.

Depuis la redynamisation de l'IGF et la nomination de Jules Alingete à sa tête, la Gecamines a toujours été dans le viseur de ce service qui avait ouvert une vaste enquête en 2021 couvrant la période allant de 2010 à ce jour, portant essentiellement sur les conditions de vente ou de cession des actifs miniers de la Gécamines au profit des acteurs privés, les contrats d’amodiation qu’elle a signés sur ses actifs miniers ainsi que ses résultats ces dernières années. L'objectif poursuivi est celui de s'assurer de la bonne gouvernance de cette entreprise publique.

Clément MUAMBA