Humour : Horthy La Rossignol, les premiers pas d’une carrière qui promet

Phobie
L’humoriste Horthy La Rossignol

Horthy La Rossignol n’est pas encore un nom qui raisonne fort dans le secteur artistique ou humoristique congolais, à l’instar d’un Herman Amisi ou Ronsia Kukielukila. Simplement parce que ça ne fait qu’à peine 3 ans depuis qu’elle monte sur scène pour partager la bonne humeur. Le 3 avril dernier, elle a fêté ces trois années sous le signe de l’espoir et de la détermination.

Jeune femme, la vingtaine, Horthy La Rossignol est passionnée de cet art de la scène qu’est l’humour, dans lequel elle compte se développer, s’améliorer et espère en une amélioration du secteur culturel en général pour avoir un espace d’expression conséquent. Son amour de l’humour l’a conduit à faire quelques apparitions, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans certaines scènes, à côté de grands noms de l’humour congolais.

Horthy La Rossignol s’est entretenu avec le Desk culture de ACTUALITÉ.CD où elle raconte ses trois années de carrière et sa vison de son secteur artistique. Interview.

ACTUALITE.CD : On vous appelle Horthy la Rossignol. Pourquoi La Rossignol ?

Horthy la Rossignol : On m'appelle La Rossignol par ma façon de parler, aussi parce que j'aime chanter. Je chante tout le temps, même quand il n'y a pas à chanter. Abuser parfois de la musique d'autrui. J'aime toujours me focaliser sur le refrain parce que les couplets, je n'ai jamais maîtrisé un seul (rire). Prendre ce surnom comme un nom artistique, ça me rappelle toujours que j'ai un devoir à faire dans l'art. Ce surnom me rappelle que j'ai toujours un devoir à faire dans l'art, je dois prendre mes responsabilités dans ce que je fais. Quand, de loin, une personne m'appelle Horty La Rossignol, ça me fait du bien, ça réveille quelque chose en moi.

Vous êtes humoriste. Vous avez fêté vos 3 ans de carrière le 3 avril dernier. Comment vous sentez-vous dans cette peau de femme dans l’art, qui plus est un art de la scène, un art vivant où vous etes directement sur les yeux du public ?

On a encore beaucoup à faire, beaucoup à donner dans ce qu’on a déjà commencé, dans ce qu’on fait déjà. Je me sens très à l’aise dans ce que je fais en tant qu’une femme. Mais ce n’est pas facile d’être toujours dans le monde où tu es tout le temps avec les hommes, tout le temps en train de collaborer avec les hommes parce que les femmes humoristes ne sont pas nombreuses. Ce n’est pas vraiment facile mais on se sent quand même à l’aise parce qu’on aime d’abord ce qu’on fait malgré qu'il n’y a pas mal de difficultés, mais on arrive à donner le meilleur.

Combien de prestations déjà depuis tes débuts ? Et quelles sont les scènes mémorables que tu as faites ?

J’ai déjà enregistré plus de 40 scènes, petites ou grandes, c’est toujours une scène. La plus mémorable, c’est la scène de Consultation pastorale. J’étais devant plus de 2 500 personnes. Et il y a la scène de Ronsia, la soirée dolaraine où j’étais devant plus de 300 personnes ainsi que pas mal de soirées où on a déjà été.

Quel est l’élément déclencheur qui t’a orienté vers ce secteur de l’art ? 

Je suis amoureuse de la bonne humeur. Je prenais mon temps à faire rire mon entourage et c’est lui d’ailleurs qui m’a toujours souhaité de faire l’humour. Si je le fais aujourd’hui, c’est vraiment grâce à mon entourage. Il m'arrivait toujours de rire de ce que je faisais comme blague, parce moi, quand je suis à côté des gens en tout cas, j’aime pas la tristesse, j’aime donner de la bonne humeur.

Et maintenant que vous prenez part activement à la scène humoristique congolaise, quel regard critique pouvez-vous porter sur son évolution ?

L’humour congolais va bien, je ne dirai pas très bien parce qu’on a des choses à revoir, actuellement on n’a pas de festival qu’on peut se dire que c’est le rendez-vous de chaque année dans notre pays. C’est ce qui nous manque.

Quand même, on voit les humoristes congolais qui arrivent à Paris, on a l’exemple de Herman Amisi et bientôt Vu de loin, ainsi que d’autres. Donc, ça montre déjà que ça va bien et pour que ça devienne très bien, il faut qu’on puisse organiser, ça va vraiment nous aider à évoluer encore dans ce qu’on pense être.

Pour les arts de la scène, on parle souvent de manque de salles de spectacles pour les productions, comment faites-vous face à ça ?

Kinshasa a un problème de salle, on a pas vraiment de salle de spectacle. Si aujourd’hui, on voit Kinshasa Arena qui est en train de venir, on se demande si ça sera une salle ouverte pour tous les artistes, ou bien ça sera juste, je ne sais pas, privé ou si c’est l’état, si c’est quoi, je ne sais pas trop, ça sera ouvert pour tout le monde ou bien ça sera payant, à un prix très élevé que nous autres on ne saura pas louer. 

Parce qu’à notre niveau, nous ne sommes pas encore arrivés à un niveau de faire sortir un 5 500 dollars pour louer une salle. Tu te dis en retour qu’est-ce que tu vas gagner, on a des salles gratuites avec une collaboration, un partenariat ; il y a l’Institut Français qui est là, Wallonie-Bruxelles aussi qui est là, ça demande un peu qu’il y ait trop de papiers, trop écrire pour trouver leurs collaborations.

En tout cas, on a besoin qu’une salle qui peut nous permettre de rôder les spectacles, une salle même de 500 personnes, juste pour rôder les spectacles.

Beaucoup d’humoristes et comédiens utilisent les réseaux sociaux pour consolider un certain fan club, que pensez-vous de l’avenir entre numérique et scène de la vraie vie ?

C’est bien de consolider les fans à partir des réseaux sociaux, c’est aussi bien de rester focalisé sur scène parce que les fans qu’on cherche sur les réseaux, ils ont aussi besoin de vivre la même chose qu'on publie chaque fois sur les réseaux, en live. La vie numérique, pour moi, c’est une vie de promotion, ça nous aide à promouvoir nos produits mais pas à aider les publics à vivre le produit en live, c’est impossible. La vie de la scène reste toujours meilleure, quand tu es devant le public, tu sens ce plaisir d’être artiste mieux que sur les réseaux sociaux.

Le rire est thérapeutique, vous le répétez si bien. Mais dans un pays en guerre comme la RDC, quelle est votre part dans l’art pour la cause ?

Ma part de contribution, c’est de donner de la bonne humeur, de faire rire les gens. On travers la bonne humeur, on a la bonne santé, on a la force, on se dit qu’on peut faire quelque chose. L’humour remet l’espoir qu’on peut vivre, qu’on peut encore aller loin, qu’on peut se donner des occasions de réussir. En se donnant le temps de partager nos expériences, notamment ce qui n’a pas marché, ça soulage. Je veux redonner de l’espoir à un peuple désespéré et un peuple qui est pour le moment en guerre.

Quelle serait ta plus grande réalisation dans l’humour et le stand up dans votre carrière ? 

Ma plus grande réalisation, je compte faire une scène où je fais 45 minutes seules. Ce qu’on appelle one man show. Ce sera ma plus grande expérience. Et avoir aussi un concept qui pourra être mon identité, partout où je vais qu’on me le rappelle, ça pourra me donner de la force. C’est ce que je compte faire dans les futurs mois.

Bientôt, un nouveau gouvernement sera nommé en RDC, quelle peut être une recommandation que vous feriez au ministre de la culture pour le secteur de l’humour ? 

Je recommande au ministre de la culture de savoir descendre sur terrain lors de nos spectacles voir et vivre aussi l’art en face. C’est bien d’aller toujours vers eux, c’est aussi bien qu’ils viennent aussi vers nous, voir ce qu’on fait, ce qu’on essaie de réaliser. Ensuite de nous trouver une salle gratuite, pour voir les talents évoluer, pourquoi pas nous trouver aussi un lieu de formation, à part l’Institut National des Arts qui est là mais qui ne forme pas les humoristes. On est en manque de formation professionnelle.

Quelle est votre actualité dans les prochains jours et mois ?

Au mois de mai, j’aurai un spectacle pour lequel je suis en train de chercher un espace qui pourrait organiser et en même temps des tournages qui vont intervenir en ce mois d’avril.

Propos recueillis par Kuzamba Mbuangu