Christophe Lutundula insiste sur l'importance de la diplomatie internationale dans la crise RDC-Rwanda

Paul Kagame et Félix Tshisekedi le 25 novembre 2021 à Kinshasa
Paul Kagame et Félix Tshisekedi le 25 novembre 2021 à Kinshasa

La République Démocratique du Congo, confrontée à l'activisme de groupes armés locaux et étrangers dans sa partie Est, voit la situation se détériorer depuis la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Paul Kagame, président du Rwanda. Malgré la continuation des affrontements sur le terrain, le gouvernement de la République semble privilégier la voie diplomatique comme option pour rétablir la paix et la sécurité dans l'Est du pays.

Interrogé sur la raison pour laquelle la RDC fait autant confiance aux initiatives diplomatiques de la Communauté Internationale, qui parfois sur le terrain n'applique pas des mesures coercitives contre le Rwanda, pays agresseur, Christophe Lutundula, VPM, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie, s'est dit conscient que le problème de la RDC n'aurait pas toujours des réponses extérieures et compte sur la communauté internationale, d'autant plus qu'il y a un État voisin impliqué dans la crise de l'Est du pays, à savoir le Rwanda.

"Le Président Félix Tshisekedi a toujours une phrase que je considère fondamentale. Il a toujours dit, sans naïveté ni faiblesse, ça veut dire quoi ? Nous n'aurons pas résolu notre problème en ne comptant que sur les efforts de l'extérieur. Je ne connais pas un pays qui construit sa sécurité en ne comptant que sur les efforts extérieurs, et je dis que la diplomatie est une action de soutien à un certain nombre d'efforts, une action qui tend à faciliter les actions internes, notamment sur le plan militaire, pour arriver à la victoire. Oui, on peut avoir une victoire diplomatique, nous l'avons, mais nous ne nous faisons pas d'illusions que c'est suffisant", a fait remarquer Christophe Lutundula, chef de la diplomatie congolaise.

À lui de poursuivre :

"Nous avons affaire à un État tiers, c'est le Rwanda. La présence d'un État tiers dans cette crise, surtout que cet État tiers est en fait l'auteur principal, nous amène fatalement sur la place publique internationale qui a ses instruments de gestion de crise, qui a ses mécanismes. Malheureusement, à ce niveau-là, tout est très lent, le jeu d'intérêts tellement complexe qu'on ne peut pas dire en claquant des doigts la solution est trouvée, donc nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer la Communauté Internationale, c'est nous isoler, c'est irréaliste. Nous faisons comme si la Communauté Internationale jouerait un rôle décisif. Je voudrais que les choses soient claires là-dessus."

Christophe Lutundula note que des prouesses diplomatiques ont également un impact sur le pays agresseur. Il dit comprendre l'impatience des Congolais et reste optimiste quant à l'issue heureuse de cette guerre.

"Ça affaiblit ceux qui sont en guerre contre nous, et nous ne pouvons pas minimiser cela. Remémorez-vous ce qui s'est passé au cours de ces 20 dernières années, avez-vous déjà vu le président Kagame agité de cette manière ? Ça n'a jamais existé. Pensez-vous vraiment que s'il n'y avait rien qui est fait par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, nous aurions eu ces gens à Kinshasa (ndlr : visite des chefs d'État à Kinshasa) ? Les gens oublient ça, s'il n'y avait rien qui avait été fait depuis qu'on est là, ces gens-là n'auraient pas pris Goma ? Donc je comprends l'amertume, je comprends les impatiences mais on ne gagne pas un conflit de ce genre-là comme si on claquait du doigt et il y avait une magie qui opérait, on ne gagne pas en ignorant la Communauté Internationale, donc nous ne pouvons pas nous confronter et en même temps nous isoler", a indiqué le Chef de la diplomatie congolaise.

Depuis l'année 2021, plusieurs pans de la province du Nord-Kivu sont sous le contrôle des rebelles du M23 soutenus par le régime de Paul Kagame. Ils veulent un dialogue direct avec Kinshasa, un schéma que rejette l'administration Tshisekedi, voulant dialoguer directement avec Kagame qu'elle considère comme le parrain du M23.

C'est dans ce cadre que João Lourenço avait reçu son homologue rwandais, Paul Kagame, qui a accepté de rencontrer le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à une date et un lieu à préciser. Le voyage de Paul Kagame à Luanda intervenait après celui effectué par son homologue congolais, qui a également rencontré le président João Lourenço. À l'issue de cette rencontre, il a été annoncé que Tshisekedi avait accepté de rencontrer Paul Kagame pour discuter de la crise diplomatique entre les deux pays voisins et de la rébellion en RDC.

Clément MUAMBA