Kinshasa : la galerie Malabo ouvre son année artistique avec l’exposition “Mandombe”

Galerie Mandombe
Ph. ACTUALITE.CD

La saison culturelle de la galerie Malabo a bien commencé. Une exposition dénommée "Mandombe" de l'artiste congolaise Dina Ekanga ouvre la porte d’une année artistique pleine de couleurs. Une dizaine de tableaux sont sur les murs de la galerie depuis samedi, le jour du vernissage, pour environ deux mois et demi. 

Dina Ekanga a incrusté l’écriture Mandombe dans ses personnages des tableaux comme elle en a pris l’habitude. La technique utilisée est celle de clou sur panneau de bois. Peintre de formation, l’artiste présente cette exposition “Mandombe” qui renvoie à cette écriture syllabaire inventée dans les années 1970 au Kongo-Central, au sud-ouest de la RDC. Elle la considère comme le propre des Congolais au même titre que les écritures des Chinois, des Arabes, des Grecs et autres.

« J’ai voulu faire revivre cette écriture afin de l’immortaliser. Lui donner une certaine valeur, la faire connaître aux Congolais. La plupart de nous ne connaissent pas cette écriture. J’ai aussi voulu la mettre en cause pour une connaissance nouvelle », a-t-elle dit à ACTUALITE.CD. 

Parmi les tableaux présentés, il y en a un qui montre une femme en position de bagarre, coup de poing fermé avec gang des boxers. Dina s’est représentée elle-même qui est en combat pour cette cause de l’écriture Mandombe. Elle dit décider d’en parler partout dorénavant, et dans plusieurs de ses œuvres. Dans un autre, une femme voilée avec des ampoules à ses côtés. Dina l’explique du fait que le voile nous couvre lorsqu’on porte la culture des autres. Et lorsque nous nous connaissons, c’est la lumière.

Pour Joseph Archy Mayunga, un des responsables de la galerie Malabo, cette exposition s’inscrit dans une suite logique de ce qui a été fait dans les précédentes années depuis l’ouverture de la galerie en 2020. 

« Cette exposition est une sorte de dialogue entre le passé, le présent et le futur. Elle rappelle qu’il y a plusieurs années, nous vivions dans une société ancestrale qui était très organisée, qui avait ses propres codes, sa façon de communiquer, ses propres codes de transmission. Il y a un côté éducationnel et intellectuel dans cette exposition », a-t-il dit.

Les scarifications sur les personnages signifient les langages codés ou l’écriture que les ancêtres utilisèrent pour communiquer de façon écrite sur des corps. A travers les scarifications, on pouvait reconnaître le statut social de quelqu’un ou elle servait simplement pour des raisons esthétiques. D’autres expositions sont déjà programmées dans la galerie jusqu’à la fin de l’année.

Résidant et travaillant à Kinshasa, Dina Ekanga est une artiste talentueuse qui crée, s'exprime, interpelle à travers des œuvres faites à base d'un objet banal, que nous retrouvons dans nos besoins : le clou. Seul le génie d'un artiste peut détourner un tel objet et en faire son outil de création. A travers "Mandombe", l'artiste soulève la question de l'écriture, de la connaissance, du savoir à l'heure des nouvelles technologies, de la langue et de la culture.

Emmanuel Kuzamba