Patrick Muyaya au sujet du rapport de HRW accusant les FARDC de collaborer avec les FDLR : " notre armée ne peut pas collaborer avec des forces négatives que nous combattons "

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Human Rights Watch (HRW) a affirmé, mardi 18 octobre dernier, que des unités des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont combattu les rebelles tutsi du M23 dans l'est du pays aux côtés du groupe armé d'origine hutu rwandaise FDLR et de milices congolaises impliquées dans de graves exactions.

" Des unités de l'armée congolaise recourent de nouveau à la pratique discréditée et préjudiciable consistant à utiliser des groupes armés responsables d'abus comme supplétifs ", a déclaré dans le communiqué Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC à HRW.

Interrogé sur cette question, le porte-parole du gouvernement congolais estime qu'il faut éviter de faire jeu du discours rwandais pour justifier la situation actuelle où le Rwanda soutient un mouvement rebelle en RDC. À en croire Patrick Muyaya, le vrai problème aujourd'hui,  c'est l'agression rwandaise qui doit cesser.

" Il faut éviter cette forme de généralisation qui est dangereuse, qui risque de faire le lit du discours rwandais pour justifier justement cette situation. La réponse, elle est toute claire, d'abord nos forces armées ne peuvent pas collaborer avec des forces négatives que nous combattons et le Président de la République l'a déjà dit et redit que le militaire qui sera trouvé, qui coopérera d'une manière ou d'une autre sera sanctionné, je pense que dans le rapport de Human Right Watch y revient aussi sur cet engagement du Président de la République. Je pense qu'aujourd'hui, il ne faut pas se détourner du véritable problème qu’est l'agression rwandaise qui doit se terminer ", a-t-il fait savoir vendredi 21 octobre sur le Plateau de TV5.

Répondant à la question sur la rencontre de Félix Tshisekedi et le Roi Britannique, Patrick Muyaya réaffirme son intention de régler la crise sécuritaire jusque-là que par la voie diplomatique. Il a indiqué qu'il est important de rappeler que la présence des groupes armés à l'Est affecte négativement et détruit les écosystèmes.

" Évidemment, lorsque vous regardez la situation humanitaire sur terrain, elle est catastrophique, toute opération militaire de riposte dans les conditions actuelles, occasionneront beaucoup plus de morts du côté de nos populations et pour préserver ces vies nous sommes nous restés engagés dans un processus de paix depuis le début, nous étions à Luanda, nous étions à Nairobi, nous étions à New-York avec le Président Emmanuel Macron mais on attend de voir du côté rwandais le respect des engagements dans lesquels on a tous souscrits à savoir la cessation des hostilités ", a dit Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais.

Et de poursuivre :

" A Londres, le Président de la République y était pour participer comme invité d'honneur à Africa Summit de Finantial Time et à l'occasion, nous avons l'occasion d'être reçu par le Roi Charles III et nous avons abordé principalement la question climatique et aujourd'hui il a été démontré, le Président de la République lui a dit que la présence de ces groupes armés détruit des écosystèmes et que si nous voulons préserver les bassins du Congo qui servent aujourd'hui à toute l'humanité, il est urgent qu'on mette fin à cette agression mais aussi à tous les différents groupes armés qui écument, détruisent la forêt et qui touchent aux humains, aux gorilles ". 

La partie Est de la RDC fait face à l'activisme des groupes armés locaux et étrangers depuis plus de 20 ans maintenant. Pour y faire face, un état de siège a été proclamé dans cette partie du partie du pays, couplé des opérations conjointes avec l'armée Ougandaise pour lutter contre les ADF.

Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23, une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d'année dernière et occupe depuis plus de quatre mois Bunagana, une localité congolaise du Nord-Kivu frontalière de l'Ouganda. Des experts missionnés par l'ONU affirmaient récemment dans un rapport, non publié mais consulté par l'AFP, que l'armée rwandaise était intervenue ces derniers mois dans l'est de la RDC, directement et en soutien au M23.  

De son côté, le Rwanda dément et accuse en retour la RDC - qui nie elle aussi - de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Présentée comme une menace par Kigali, l'existence et la violence de cette milice ont justifié les interventions rwandaises passées en territoire congolais.

Clément MUAMBA