L'ambassade britannique en République Démocratique du Congo a organisé, ce lundi 11 juillet, une rencontre avec des organisations de la société civile militant pour les droits sexuels et reproductifs des femmes ainsi que des organisations partenaires. Tenue dans la capitale, cette activité a eu lieu en marge de la célébration de la journée mondiale de la population.
« Comment le planning familial peut-il garantir les droits et les choix de toutes les femmes en RDC ? » C’est la question autour de laquelle les discussions se sont déroulées.
Cette table ronde avait notamment pour objectif de renforcer le réseau des organisations de la société civile travaillant sur le planning familial en vue de rétablir un solide mécanisme de collaboration, d’écouter les voix des militants et organisations de la société civile pour comprendre les barrières pour le progrès sur ce sujet sensible.
« La planification familiale n'est pas seulement une question des droits de l’homme ; elle est également essentielle à l'autonomisation des femmes, à la réduction de la pauvreté et au développement durable. Sans le travail important de la société civile, il n'y aura pas de priorité politique soutenue au plus haut niveau, ni d'adhésion au niveau communautaire pour le travail de planification familiale. Aujourd'hui, nous souhaitons mieux comprendre les points d'entrée pertinents pour améliorer les droits de toutes les femmes congolaises », a déclaré Sophia Willitts-King, chargée d'affaires du Royaume-Uni en RDC.
Le Royaume-Uni œuvre depuis de nombreuses années en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Au niveau mondial, entre 2015 et 2020, le soutien du Royaume-Uni a permis à près de 25,3 millions de femmes et de filles d'utiliser des méthodes modernes de contraception par an. Selon le service de communication de l’ambassade, depuis 2018, via leur programme de santé sexuelle et reproductive « WISH » mis en œuvre par Marie Stopes International (MSI Reproductive Choices), le Royaume-Uni a évité 957 000 grossesses non désirées, 307 000 avortements non-sécurisées, et 3 700 décès maternels. Les nouveaux programmes de santé et d'éducation seront également fortement axés sur l'autonomisation des adolescentes pour qu'elles puissent comprendre leurs droits reproductifs.
Pascal Barnich, représentante pays de MSI, est intervenue avec un discours spécialement centré sur les jeunes filles. « Permettez-moi de me concentrer, aujourd’hui, sur les filles », lance-t-elle, avant de poursuivre, « la garantie du droit d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive est essentielle à l’autonomisation des filles et des femmes. Plusieurs études l’ont montré, et c’est le cas aussi pour la RDC. Elle permet aux filles et aux femmes de planifier leur famille et de contrôler leur vie afin d'éviter une vie entière de grossesses et d'accouchements précoces, multiples et souvent dangereux. La grossesse des adolescentes peut avoir des conséquences graves et durables sur la santé, l'éducation, l'économie et la société des femmes, des enfants et de leur famille élargie. En RDC, une jeune fille sur quatre sera enceinte avant ses 18 ans. C’est bien au-dessus de la moyenne des pays d’Afrique sub-saharienne ».
Elle a, par ailleurs, souligné que l'amélioration de l'accès aux soins et aux droits en matière de procréation, en particulier pour les jeunes, peut jouer un rôle clé dans la réalisation des objectifs de développement durable, tels que la santé et le bien-être (ODD3), la garantie d'une éducation de qualité (ODD4), l'amélioration de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ODD5) et l'aide aux familles pour sortir du cycle de la pauvreté (ODD1). « Ces résultats positifs contribuent à leur tour à renforcer la résilience face aux défis mondiaux tels que les conflits ou les crises liées au climat et à aider les communautés et les pays à maintenir et à poursuivre les progrès en matière de développement durable ».
Des résolutions issues de la table ronde
La table ronde va durer environ une heure et demie. Parmi les organisations représentées, on compte la Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI) et le Fonds pour les femmes congolaises (FFC), ABEF-ND, Si Jeunesse Savait, Afriyan RDC, La pépinière, et bien d’autres. Les participants ont relevé en termes d’obstacles, les pesanteurs socio-culturels, le manque d’information, les ruptures des stocks, les programmes développés par le gouvernement et non implémentés, la non-vulgarisation des textes de lois autorisant l’accès aux services de planification familiale pour les jeunes.
Les discussions ont donné lieu aux résolutions telles que « investir dans la jeunesse, mettre à sa disposition de l’information de qualité et satisfaire les besoins en PF, mobiliser des moyens adéquats aux programmes visant les PF, former les prestataires de santé et les pharmaciens, vulgariser des textes de loi sur la PF, le gouvernement devrait prendre en compte la jeunesse. Redynamiser le Comité Technique Multisectoriel Permanent de Planification (CTMP/PF) ».
Prisca Lokale