Intervenant dans un numéro de l'émission Objectif 2023, un programme d’ACTUALITE.CD sur les réformes électorales, Eugène Banyaku Luape, ancien juge constitutionnel et Professeur ordinaire à l'Université de Kinshasa (UNIKIN) évoque la problématique du "changement de la majorité" parlementaire, en pleine législature en RDC.
Pour cet ancien député du parlement de transition en RDC entre 2002 et 2006, c'est Joseph Kabila, ancien président de la République, qui a initié cette pratique après sa débâcle aux législatives de 2006.
" Après les élections de 2006, comme le président élu a constaté que son partenaire, c'est-à-dire le PALU avec qui il était en coalition et qui lui prenait plus des sièges. En ce moment là, il a imaginé une "majorité" , en regroupant plusieurs autres partis pour faire face à son associé ", a indiqué le prof Banyaku Luape.
Il indique, par ailleurs, que Kabila a procédé de la même manière en 2011, en regroupant "des partis politiques qui étaient des coquilles vides".
" Il a compté plus sur les regroupements politiques que sur les partis politiques. Or, dans notre constitution, les regroupements politiques ne peuvent exercer des activités, même pas représenter un candidat ", a-t-il martelé.
Cet ancien juge de la cour constitutionnelle (2014-2018) soutient que Félix Tshisekedi a emboîté le pas de son prédécesseur pour faire basculer la majorité du FCC vers l'Union sacrée, son regroupement, en décembre 2020 car, selon lui, aucun parti ne peut se prévaloir actuellement majoritaire au parlement.
Banyaku Luape a également souligné les écarts idéologiques entre les membres des regroupements politiques. “ Selon notre constitution, les partis politiques sont censés défendre une même idéologie et un même projet. Or, un regroupement, selon notre constitution, ne tient pas compte de tout ça. Le jeu est faussé ”, regrette-t-il.
Panélistes lors des échanges entre le National Democratic Institute (NDI) et des responsables des partis politiques à Kinshasa, le 14 juin dernier, autour de la loi sur les partis politiques et leur financement public, Lucain Kasongo, député national, initiateur d'un projet de loi dans ce sens et Jean Louis Esambo, Professeur de droit, étaient revenus sur la nécessité “ d'intégrer la notion des regroupements politiques dans la loi sur les partis politiques”.
Bruno NSAKA