Les députés nationaux, membres du Front Commun pour le Congo (FCC) ont boycotté le débat sur l'examen de la proposition de loi portant révision de la loi électorale en prévision des élections prévues l'année prochaine. Ils exigent un consensus en dehors du parlement avant de prendre part à l'examen de cette proposition de loi. Cette position de la famille politique de l'ancien Chef de l'Etat Joseph Kabila Kabange ne cesse de susciter des réactions dans le microcosme sociopolitique congolais.
Pour sa part, le regroupement politique "Le Centre" s'oppose à l’idée d’un dialogue qui n’aurait pour motivation que des manœuvres politiciennes en vue de se partager les postes ministériels mais aussi consacrer le "glissement" au-delà du délai constitutionnel.
"Le Centre est fort attaché à l’organisation d’un processus électoral inclusif, apaisé et crédible. C’est dans cet ordre d’idées qu’il a prôné sans être suivi en son temps, la tenue d’un dialogue dans le but d’aplanir les divergences de la classe politique face à la montée du tribalisme et la menace des conflits post-électoraux qui en résulteraient. Aujourd’hui plus qu’hier, la préoccupation majeure des hommes politiques devraient se focaliser sur le pari d’organiser les élections dans le délai constitutionnel. Et par conséquent, Le Centre s’oppose catégoriquement à tout dialogue qui n’aurait pour seule motivation que des manœuvres politiciennes en vue d’un énième partage des responsabilités et qui consacrerait ainsi le glissement. Un dialogue n’aurait de sens que si après avoir sincèrement fourni tous les efforts pour répondre aux contraintes évoquées par la CENI, nous étions mis devant le fait accompli de l’impossibilité logistique et matérielle de tenir les délais légaux de l’organisation des élections", a expliqué son président Germain Kambinga lors d'un échange avec la presse samedi 16 avril 2022.
Abordant la revendication de ceux qui estiment qu'il faut refaire une nouvelle équipe de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), l'ancien ministre de l'industrie Germain Kambinga estime que le débat actuellement doit être orienté vers le parlement où le débat sur la loi électorale a été lancé.
"Quant à la recomposition de l’équipe de la CENI, Le Centre considère qu’aucune disposition constitutionnelle ni légale ne permet une telle démarche à ce stade. Tenter une telle manœuvre serait un écart à l’ordre républicain que nous devrions pourtant tous préserver. En outre la quête du consensus autour du déroulement du processus électoral devrait désormais être orienté vers le débat républicain qui doit se dérouler à l’Assemblée Nationale", a souligné Germain Kambinga.
Il a indiqué que sa formation politique s’est engagée dans une démarche républicaine des propositions de ses amendements sur la loi électorale au bureau del’assemblée nationale. Ces propositions se sont articulées autour des points suivants :
"L’exigence de la transparence du processus électoral en assurant la publication détaillée des résultats bureau de vote par bureau de vote, en Instaurant la Contrainte impérative de la mise à disposition des Procès-verbaux aux candidats et observateurs désireux de les obtenir, en inscrivant de manière explicite dans la loi électorale des précisions claires sur les différentes étapes qui accompagnent l’utilisation de la machine à voter et en exigeant à la CENI de publier les résultats des scrutins en temps utiles (48 h pour les élections présidentielles et 1 semaine pour les législatives) ; Ajustement des modalités opérationnelles : par l’abolition du seuil électoral et l’adoption du scrutin uninominal majoritaire, la baisse sensible du coût des cautions électorales, l’organisation des élections des gouverneurs au scrutin universel indirect considérant les têtes
de listes des partis ou regroupements politiques majoritaires dans les assemblées provinciales ; Garantir l’inclusivité du scrutin par l’instauration du vote des congolais de l’étranger, en évitant que les critères d’exclusion des acteurs n’aient de considérations basées sur le sexe, la race ou l’origine familiale et aucune restriction sur la campagne électorale dans les provinces sous état de siège", a-t-il détaillé.
Débuté le jeudi 14 avril 2022, le débat sur la réforme de la loi électorale va à nouveau se poursuivre le mercredi 20 avril prochain. D'après Christophe Mboso, président de l'Assemblée nationale, l'objectif de ce long temps mort est de permettre d'abord le retour des députés nationaux du Front Commun pour le Congo (FCC), qui ont boycotté la plénière du jour. Ces élus proches de Joseph Kabila dénoncent le manque de consensus sur la question de la loi électorale avant d’en débattre en plénière. Cette trêve permettra aussi aux groupes parlementaires de se concerter afin de lever des options sur différentes propositions.
Clément MUAMBA