Un célèbre écrivain et critique du gouvernement ougandais, Kakwenza Rukirabashaija, a été brutalement arrêté à son domicile de la capitale Kampala, a déclaré mercredi à l'AFP son avocat.
"Des hommes armés affirmant être de la police ougandaise" se sont introduits mardi dans la maison de M. Rukirabashaija tandis que celui-ci était au téléphone avec son avocat, Eron Kiiza.
"Je les ai entendus menacer de lui casser les jambes", a déclaré à l'AFP M. Kiiza.
M. Rukirabashaija, critique affiché du pouvoir et du président Yoweri Museveni, a été salué en 2020 par la critique pour son roman satirique, "The Greedy Barbarian" (non traduit), qui décrit un pays imaginaire profondément gangréné par la corruption.
Ces derniers temps, M. Rukirabashaija a intensifié ses critiques contre le fils du président, Muhoozi Kainerugaba, un général dont beaucoup pensent qu'il veut prendre la succession de son père, âgé de 77 ans. L'écrivain l'a qualifié d'"obèse" et de "rouspéteur".
Il n'était pas possible d'établir clairement dans l'immédiat qui a arrêté l'auteur, mais ce dernier a écrit sur Facebook : "des hommes en armes ont enfoncé ma porte. Ils disent être des policiers mais ne sont pas en uniforme".
Selon l'avocat, des témoins ont vu M. Rukirabashaija être embarqué dans un van connu en Ouganda comme un "drone", des véhicules associés à des enlèvements d'opposants au gouvernement.
L'écrivain a été arrêté plusieurs fois depuis la publication de "The Greedy Barbarian" et a affirmé avoir subi des tortures lors d'interrogatoires.
Il a été accusé d'incitation à la violence, promotion du sectarisme mais aussi de non respect des mesures de lutte contre le Covid-19.
Début décembre, les autorités américaines ont adopté des sanctions contre le chef du renseignement militaire ougandais, le général Abel Kandiho, pour son implication présumée et celle de ses services dans de graves violations des droits de l'homme, notamment des passages à tabac, des agressions sexuelles et des électrocutions.
Les dernières années ont été marquées en Ouganda par des actes de répression contre des journalistes, des incarcérations d'avocats ou encore par le musellement de leaders de l'opposition.
Le plus célèbre avocat des droits humains, Nicholas Opiyo, a fui cette année aux Etats-Unis, en affirmant être menacé par le gouvernement. Il a critiqué sur Twitter l'arrestation "violente et illégale" de M. Rukirabashaija et appelé à sa libération.
AFP et ACTUALITE.CD