RDC : 17 ans après le massacre de Kilwa, Afrewatch note que le gouvernement congolais hésite à reconnaître les victimes afin de les indemniser

Tombe d'une victime d'attaque des ADF à Beni
Tombe d'une victime d'attaque des ADF à Beni

L'observatoire Africain des Ressources naturelles (AFREWATCH), une organisation non gouvernementale de défense des droits humains, spécialisée sur les questions des ressources naturelles a, au cours d’un point de presse tenu ce vendredi 5 novembre à Lubumbashi, noté que le gouvernement congolais tarde à reconnaître le massacre de Kilwa, perpétré par les forces armées en 2004 sur les populations civiles.

Kilwa est une cité de la RDC, située dans le territoire de Pweto à près de 350 kilomètres de la ville de Lubumbashi, cité qui a été le théâtre, en 2004, d'un massacre des populations civiles à la suite des accrochages entre un mouvement rebelle et les forces armées de la République.

« Il faut signaler que depuis les 17 dernières années, les victimes du massacre de Kilwa et leurs familles ont mené une campagne inlassable pour obtenir justice. Et la décision de la commission africaine a permis la reconnaissance des préjudices subis par les victimes et constitue pour elles un espoir qu'elles puissent reconstruire leur vie. Malheureusement, certaines d'entre elles sont décédées et ne recevront pas les réparations auxquelles elles avaient droit », a expliqué Richard Mukena, directeur du programme des droits humains d’AFREWATCH.

Face à l’oubli de ce massacre de Kilwa, dans la région du Katanga, Afrewatch appelle à l'implication du Président de la RDC et d'autres institutions nationales.

« Nous recommandons au Président de la RDC et Président en exercice de l'Union Africaine de s'impliquer afin que les victimes du massacre soient reconnues et indemnisées, au Premier ministre et chef du gouvernement d'adopter une stratégie claire pour assurer justice et réparation aux victimes de Kilwa et de mettre en œuvre la décision de la commission africaine des droits de l'homme, aux députés nationaux, provinciaux et sénateurs de mettre en œuvre une commission ad hoc chargée de faire le suivi de la mise en œuvre de la décision de la commission africaine sur les massacres de Kilwa », poursuit-il.

Et de poursuivre :

« Les fosses communes sont encore là à Kilwa. Nous recommandons que les corps soient déterrés pour qu'on les enterre dignement. Ce sont des citoyens congolais qui ont été tués et nous demandons réparation des victimes ».

Contexte

En octobre 2004, au moins 73 personnes avaient été tuées par des militaires avec le soutien d'une compagnie minière australo-canadienne, Anvil Mining. Ces personnes, note Afrewatch, étaient accusées d'être complices avec un nouveau groupe rebelle. Treize ans plus tard, la Commission africaine des droits de l'homme avait donné raison aux victimes du massacre de Kilwa lors duquel au moins 73 personnes, des civils pour la plupart selon l’ONU, ont été tuées.

L'affaire avait déjà été jugée par la justice congolaise qui avait  acquitté, en 2007, tous les accusés, aussi bien les militaires que les employés de la compagnie Anvil Mining cité dans le même dossier avec les moyens logistiques apportés aux forces loyalistes dans le massacre de Kilwa. Ce verdict avait provoqué un tollé. Louise Arbour, à l'époque Haut-commissaire aux droits de l'homme, avait qualifié le procès de « parodie de justice » pour ce massacre très largement documenté par l'ONU.

José MUKENDI