Depuis l’annonce du premier cas de Coronavirus en RDC, dans la capitale congolaise, l’heure est au respect des mesures d’hygiènes ainsi que des gestes barrières. D’une commune à l’autre, des kinoises se battent pour adapter ces mesures à leur quotidien. Reportage
“Cela va faire au moins 3 ans que nous n’avons pas d’eau”
“Le Chef de l’Etat et les autres autorités nous recommandent de suivre toutes les mesures d’hygiène afin de limiter la propagation de ce virus. Notamment, se laver régulièrement les mains avec du savon. Ici, c’est aux environs de minuit ou 3h du matin que l’eau coule au robinet. Cela nous oblige à utiliser la même réserve d’eau pour nos besoins quotidiens. J’ai pris mes dispositions mais, cela est loin d’être évident,” s’inquiète Tantine, mère d’une famille nombreuse résidant sur l’avenue Mbanza-Nsungi à Kimbanseke, commune la plus peuplée de Kinshasa.
A quelques mètres de la maison de Tantine, Ange Luviluka vient de se procurer un dispositif complet (seau, bassine et savon liquide) pour toute sa famille. “Nous l’avons installé ce matin et nous demandons aux enfants de se laver fréquemment les mains afin d’éviter toute contamination. Nous leur disons également de bien faire usage de l’eau,” explique-t-elle.
Sur une autre rue, Blanche (Nom d’emprunt), travailleuse dans un casino en ville a ajouté des gels désinfectants pour pallier aux problèmes d’eau. “Le dispositif installé à l'extérieur est destiné à nos visiteurs. Ils sont tenus de se laver les mains avant d’entrer dans la maison” confie la mère de famille en ajoutant “pour le reste de la famille, j’ai acheté des gels désinfectants à emporter dans nos sacs afin de mieux nous protéger contre cette maladie.”
A Ngaba, Suzanne Mengi s’apprête à utiliser les eaux des pluies. “Cela va faire au moins 3 ans que nous n’avons pas d’eau. Nous obtenons un bidon de 25 litres d’eau à 200 francs congolais à quelques mètres d’ici. Il faut également penser au porteur, 300 Fc/bidon. Nous devons adapter les besoins du ménage aux mesures d’hygiène. Sans les eaux de pluies, nous aurons du mal à faire face à la maladie.”
“Nos salaires ne nous permettent pas de faire des provisions”
Parmi les mesures annoncées par Félix Tshisekedi, il y a également la fermeture des écoles. Depuis la mise en application de cette mesure, Mimi, enseignante dans une école primaire de Kimwenza vend des braises pour subvenir aux besoins de sa famille “J’ai apprécié les décisions prises par les autorités. Cependant, je n’ai pas de provision constante de nourritures pour mon foyer. Je continue à vendre pour acheter quelques vivres.” Pour se préserver du coronavirus, elle a installé un lave-main avec du savon à l’entrée de sa maison.
“Mes enfants sont adultes.” précise Fifi Suela, habitante de Lemba. “Je leur ai demandé de réduire leurs sorties pour ne pas ramener cette maladie à la maison. L’électricité en permanence et la fourniture en eau potable nous empêcheront de parcourir la ville.”
A Matete, Jeanne vend ses fruits comestibles sur l’avenue Anunga. Pour elle, prévenir de telles situations passe notamment par l’augmentation des salaires des fonctionnaires. “ C’est une situation très brusque pour toute la nation. Le Coronavirus nous empêche de sortir. Pourtant, nos salaires ne nous permettent pas de faire des provisions. Après cette pandémie, si nos salaires sont revus à la hausse et que les aliments de première nécessité sont vendus à des prix raisonnables, cela va nous mettre en sécurité” explique Jeanne, épouse d’un agent de la fonction publique et mère de 8 enfants.
Selon les dernières statistiques, 48 cas positifs ont été enregistrés en RDC, le pays totalise à ce jour 4 décès. Dans sa dernière allocution à la nation, le président Tshisekedi a décrété l'état d’urgence sanitaire et isolé la ville de Kinshasa de toutes les autres provinces.
Prisca Lokale