Le RASSOP ou la révolution qui bouffe ses meilleurs enfants – Tribune (J. Kasongo/CNB)

<strong><em>Tribune.</em></strong>

Au terme d‘âpres négociations conduites par la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP) et toutes les autres forces politiques et de la société civile nationales sont parvenus à l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016 qui réaffirmait de façon solennelle la volonté du peuple congolais d’aller aux élections en 2017 pour qu’enfin s’opère en RDC le premier transfert pacifique du pouvoir suprême entre le Président sortant et le successeur à élire.

Pour y parvenir, un gouvernement d’union nationale devait être installé dans le seul but de réunir toutes les conditions nécessaires qui permettraient d’offrir au peuple des élections apaisées et crédibles; gage de toute stabilité sur toute l’étendue du territoire national sur le plan sécuritaire et économique.

Au regard de ce grand défi, immense a été notre déception de voir le débat politique se réduire à de simples querelles d’hommes, des luttes mesquines de positionnement pour des intérêts tout à fait personnels au lendemain de la disparition de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, très loin des vraies préoccupations de la majorité de nos populations.  La mort de ce grand homme ayant enclenché une vraie fuite en avant au Rassemblement, les querelles intestines intervenues au sein du groupe, exacerbées par la mauvaise foi de la Majorité Présidentielle, ont retardé l’exécution de l’Accord de la Saint-Sylvestre et, surtout, réduit son prestige sur le plan national et international; tuant quasiment tous les grands espoirs suscités pour tout un pays le jour du nouvel an 2017. Un vrai gâchis !

Nul n’ignore que du vivant d’Etienne Tshisekedi les membres du RASSOP incarnaient la vraie opposition qui, dans le contexte de notre pays, avaient le devoir de se démarquer, de faire preuve d’oubli de soi et d’opérer des choix politiques guidés par le souci de remettre sur le rail ce pays continent par la bonne gouvernance. Nous constatons avec amertume que cela n’a pas été le cas, loin de là ! En effet, c’est dans l’opacité et les intrigues que le RASSOP a géré les grandes questions de l’heure ; et c’est dans les mêmes conditions qu’il a pris ses grandes décisions politiques des derniers mois, faisant naitre en son sein de vives tensions qui ont fini par avoir raison de la cohésion interne d’un groupe qui n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui.

Tout cela, parce que certains membres du RASSOP ont prématurément fait du groupe leur plateforme électorale. Ce qui lui a fait cesser d’être le RASSEMBLEMENT DE TOUTE L’OPPOSITION que feu le Président Tshisekedi avait mis sur orbite à Genval et dirigé de mains de maître depuis juin 2016.

Ayant opéré cette dangereuse mutation et fondamentalement changé d’identité, le RASSOP est devenu le lieu de confrontation d’ambitions personnelles concurrentes et a commencé à
«manger» ses meilleurs et plus prestigieux enfants comme c’est le cas dans plusieurs
«révolutions».

Certaines victimes ont été frappées plus impitoyablement que d’autres, à force de campagnes de dénigrement, d’intox, et de divisions internes savamment orchestrées et entretenues de l’intérieur même du RASSOP. Ainsi, des dissensions artificielles et factices suspensions et radiations ont été créées pour miner la Dynamique de l’Opposition.

Les manœuvres et attaques politiciennes internes contre Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir ont été les plus sournoises et dévastatrices, conséquence du dévolu jeté sur lui par les plus importants partenaires extérieurs du pays pour diriger la transition en qualité de Premier ministre.

Pour contrer la préférence des partenaires, une vraie armée d’internautes malveillants<em>,</em> nourris aux mamelles du Rassemblement, a été levée pour salir l’image du Professeur sur la toile. L’expertise de Freddy Matungulu ne pouvant être remise en cause, il fallait créer le doute sur sa réputation de technocrate intègre, à tout prix. Des soi-disant journalistes d’investigation ont ainsi été payés et lâchés sur Twitter, Facebook et YouTube pour raconter des sornettes contre lui et alimenter des rumeurs sur sa prétendue corruption par la kabilie. Même des journaux ayant pourtant pignon sur rue de longue date en RDC se sont, fort malheureusement, mêlés à la danse.

A notre grand étonnement, les attaques se sont poursuivies et renforcées après le retour du Professeur au siège du Rassemblement à Limete au mois de mars dernier.

Dans ces conditions, nombreux sont les membres de Congo Na Biso qui s’interrogent sur la pertinence de continuer d’appartenir au RASSOP, ce regroupement politique très fragilisé que nous avons rejoint avec enthousiasme l’an dernier, mais dont de nombreux membres influents sont aujourd’hui si ouvertement hostiles à notre Autorité morale.

Fait à Ottawa, le 26 mai 2017

Jacques Kasongo
Président de CNB/Ottawa, Canada