Lubero : à Biena, les structures sanitaires peinent à fonctionner en raison de l’activisme des rebelles ADF

Un militaire au font contre les combattants ADF à Beni/Ph ACTUALITE.CD

Dans la zone de santé de Biena, située dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), plusieurs structures sanitaires peinent à fonctionner plus de six mois après la recrudescence des attaques des rebelles ADF. La société civile du groupement Manzia, qui a effectué une descente sur le terrain le jeudi 10 avril, alerte sur une situation sanitaire critique.

Selon Paluku Nzanzu Achille, acteur de la société civile locale, les centres de santé font face à de multiples défis : patients incapables de payer leurs soins, rupture de stock en médicaments, absence d’assistance humanitaire, et enclavement des zones rurales. 

« Les infirmiers sont déterminés à assurer leur mission, mais ils ne disposent plus de médicaments ni de moyens pour faire face à la demande. Le risque de fermeture de plusieurs structures est réel. Dans cette région essentiellement agricole, appauvrie par les violences, les populations n’ont plus les moyens d’honorer les frais médicaux », a-t-il déclaré. 

Il a appelé à une intervention urgente des autorités et des organisations humanitaires. La situation est particulièrement alarmante dans les localités densément peuplées comme Njiapanda et Byambwe, chef-lieu du groupement Manzia. Lors des consultations menées avec les infirmiers titulaires, la société civile a noté que plusieurs structures de santé fonctionnaient à flux tendu, et certaines ont déjà fermé leurs portes. 

Le médecin-chef de la zone de santé de Biena, Dr Valentin Kamuha Kisambi, a confirmé que huit structures sanitaires ont été contraintes de suspendre temporairement leurs activités entre janvier et février 2025. 

« Dans les aires de santé de Katanga, Mayeba, Masayi et Someya, les centres restent fermés. D’autres, comme ceux de Masingi et Biambwe, ont récemment rouvert. À Kayiku, seul un service minimum est assuré. Cela expose la population à des risques accrus de décès communautaires et à d'autres complications sanitaires », a-t-il précisé.

Depuis juin 2024, le territoire de Lubero est en proie à une instabilité sécuritaire marquée par les incursions répétées des rebelles ADF, provoquant des déplacements massifs et un effondrement progressif du système de santé local. 

La société civile de Biena appelle à une réponse humanitaire rapide, incluant l’approvisionnement en médicaments, le soutien aux personnels de santé, et la réactivation des services médicaux de base dans les zones affectées.

Josué Mutanava à Goma