Tanganyika : les proches du Gouverneur Christian Kitungwa dénoncent des manoeuvres de sa déstabilisation politique en pleine urgence sécuritaire

Photo d'illustration
Le gouverneur du Tanganyika, Christian Kitungwa

En pleine recrudescence de l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo, le Tanganyika traverse une zone de fortes turbulences politiques. Son gouverneur, Christian Kitungwa Muteba, fait l’objet de manœuvres de déstabilisation orchestrées, selon plusieurs sources concordantes, par Guylain Nyembo, ancien directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi et actuel vice-premier ministre du Plan et de la Coordination de l'aide au développement, et la sénatrice Vicky Katumwa qui préside le groupe de l’AFDC-A à la Chambre Haute. Ces tentatives interviennent alors que la menace des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, se rapproche dangereusement de la province.

Élu haut-la-main gouverneur en avril 2024 par 17 voix sur 24, Christian Kitungwa Muteba s’est rapidement imposé, à 37 ans, comme une figure montante de la vie politique congolaise. Apprécié de la population, il a lancé plusieurs chantiers structurants dans les secteurs des infrastructures, de l’éducation, de la santé et initié quantité de réformes. Sa réputation de dirigeant travailleur séduit bien au-delà de la province.

« Le gouverneur est un homme de terrain. Il veut faire bouger les choses et les gens le ressentent », confie un notable de Kalemie. Sa proximité avec la population est aussi renforcée par ses succès à la tête du FC Tanganyika. Les Rojiblancos, encore en deuxième division la saison dernière, occupent aujourd’hui la troisième place du championnat national de première division. Pour ce journaliste sportif basé à Kinshasa, « ces performances ne doivent rien au hasard. Elles sont le fruit d’une gestion rigoureuse, aussi bien sur le plan sportif que financier, impulsée par Christian Kitungwa lui-même ».

L’une des réalisations majeures des premiers mois du mandat de Christian Kitungwa reste l’assainissement du secteur minier, longtemps gangrené par l’exploitation illégale et la corruption. Résultat : les investisseurs, qui s’étaient détournés de la province ces dernières années, font progressivement leur retour. Les recettes issues de l’exploitation minière rentrent à nouveau dans les caisses de la province, permettant de financer les services sociaux de base et les projets de développement. En quelques mois, les ressources budgétaires de la province ont été triplé par rapport au dernier exercice. « Le gouverneur Muteba a restauré la confiance. Les mines du Tanganyika recommencent à profiter à la population », salue un opérateur minier qui a échangé avec le gouverneur en février lors de la dernière édition du forum Indaba en Afrique du Sud.   

Mais cet édifice en cours de construction, certains sont prêts à le fragiliser. Avec la mise à l’écart récente de Dany Banza, ex-ambassadeur itinérant et mentor politique de Kitungwa Muteba, Guylain Nyembo et Vicky Katumwa semblent vouloir profiter de la brèche pour affaiblir le gouverneur. Selon des informations recoupées, le duo a déjà approché plusieurs députés provinciaux, sondant les possibilités de succès d’une motion de censure à l’assemblée provinciale de Kalemie. Une initiative qui vise clairement à provoquer la chute du gouverneur. Dans leur entreprise, ils peuvent compter, sur l’actuel président de l’assemblée provinciale, Cyril Kimpu Awel, dont la mère n’est autre que… Vicky Katumwa.

Mais pour de nombreux analystes, cette stratégie est non seulement risquée pour la stabilité de la province, mais elle va aussi à l’encontre des orientations du chef de l’État. « Ce que font Nyembo et Katumwa ne rend aucun service au président Félix Tshisekedi », déplore un haut responsable politique de l’Union Sacrée pour la Nation. « Alors que le chef de l’État appelle à l’unité et à la cohésion nationale au moment où notre pays est en guerre, ces manœuvres créent des divisions inutiles dans une province déjà sous forte pression sécuritaire. C’est irresponsable ! »

La situation sécuritaire est en effet critique. La rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, qui a récemment pris le contrôle de Goma et Bukavu, se rapproche dangereusement du Tanganyika. La population, déjà éprouvée, redoute un basculement dans l’insécurité généralisée si les autorités provinciales venaient à se diviser.

Pour l’heure, Christian Kitungwa Muteba reste concentré sur ses priorités. « Le gouveneur est ici pour protéger la province et améliorer le quotidien de la population. Les calculs politiciens ne le détourneront pas de cette mission », assure un de ses proches. Fort du soutien populaire, le gouverneur prône l’unité et la responsabilité, alors que des voix s’élèvent au sein de la société civile provinciale pour dénoncer ces tentatives de déstabilisation en pleine urgence sécuritaire.

« Déjà sous pression sécuritaire, le Tanganyika n’a pas besoin en plus d’une pression politique intérieure », fait observer un député provincial approché il y a quelques jours par la sénatrice Katumwa. « La population attend des actes forts pour garantir la paix et le développement. Et personne aujourd’hui n’est mieux placé que le gouverneur pour garantir cette stabilité indispensable. Relancer une guerre des chefs dans les circonstances actuelles, c’est proprement suicidaire ! »