Caricature : Kabido rejoint le M23, quand un ex-allié de Kinshasa bascule du côté rebelle 

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Caricature Kash/ACTUALITE.CD

 Le général autoproclamé Kasereka Kasiyano, chef du Front de Patriotes pour la Paix-Armée du Peuple (FPP-AP), a officiellement rallié la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) soutenue par le Rwanda. Cette annonce a été faite le 7 mars 2025 à Mbwavinywa, son quartier général, par son porte-parole Augustin Darwin. Cette décision marque une rupture avec Kinshasa, que la coalition de Kabido accuse de corruption et de négligence envers les groupes d’autodéfense. Loin d’être anodine, cette allégeance redéfinit le paysage militaire au Nord-Kivu et soulève des inquiétudes quant à l’avenir du conflit dans la région.

Le FPP-AP de Kabido, autrefois considéré comme l’un des groupes armés majeurs de la résistance contre le M23, contrôlait une vaste zone de Lubero et tirait ses ressources de la taxation locale et des mines d’or. Son engagement initial aux côtés des FARDC dans la lutte contre l’occupation rebelle avait pourtant été mis en doute à plusieurs reprises, notamment après la nomination de Désiré Ngabo, un de ses proches, comme maire adjoint de Goma par l’AFC/M23. Aujourd’hui, ce ralliement officiel au M23 renforce considérablement les positions des rebelles et pourrait compliquer la situation pour Kinshasa.

Ce retournement de situation jette un discrédit sur l’ensemble des groupes dits "wazalendo", supposés être des patriotes défendant l’intégrité territoriale de la RDC. Plusieurs factions armées ont rapidement pris leurs distances avec Kabido, dénonçant sa « trahison ». L’UPLC du général Germain Mayani a même promis de le traiter comme un paria. Les autorités militaires congolaises, par la voix du colonel Mak Hazukay, ont dénoncé cette volte-face motivée par des intérêts miniers, regrettant que des groupes naguère considérés comme des alliés puissent retourner leurs armes contre la République.

La question qui demeure est celle de savoir si Kabido pourra rallier tous ses hommes à cette nouvelle alliance. Certains miliciens ont déjà désavoué cette décision et se sont rendus aux FARDC, affirmant qu’ils n’avaient pas rejoint la lutte pour se battre aux côtés du M23. Dans les zones sous son influence, des chefs locaux affirment ne pas être surpris par cette trahison. Alors que la situation reste fragile, cette nouvelle reconfiguration du conflit pose un défi majeur à l’armée congolaise, qui devra désormais affronter un M23 renforcé par un ancien allié.