À la suite de son alerte de protection lancée le 27 janvier dernier, le Global Protection Cluster (GPC) a lancé un nouveau plaidoyer pour renforcer la protection des civils, assurer l'accès humanitaire aux populations vulnérables et prévenir l'escalade des risques de protection, notamment les attaques contre les civils, les déplacements forcés et l'obstruction de l'aide humanitaire. Cette démarche fait suite à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire depuis la prise de Goma par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.
Dans une déclaration faite ce lundi 10 février 2025, ce réseau d'organisations non gouvernementales et d'organisations internationales et d'agences des Nations-Unies estime que la pression diplomatique des acteurs régionaux et internationaux est nécessaire pour éviter de nouvelles pertes de vies humaines, soutenir les actions humanitaires et promouvoir des solutions politiques durables qui s'attaquent aux causes profondes du conflit.
"Les membres du Cluster Protection collaboreront avec toutes les parties au conflit afin de poursuivre ou de reprendre les activités de protection prioritaires dès que possible, y compris le soutien aux mécanismes de protection des civils, la surveillance des mouvements de population et la fourniture d'une assistance aux plus vulnérables et aux survivants/victimes de diverses violations. Dans un premier temps, les acteurs de la protection devraient rétablir le contact avec les réseaux de protection communautaires dans les zones touchées afin de comprendre l'impact et la meilleure façon de les soutenir", rapporte la déclaration de cette organisation humanitaire.
Et de poursuivre :
"D’autres activités immédiates du Cluster Protection comprennent la fourniture d’une aide d’urgence aux survivants de violences sexuelles, ainsi que des programmes de prévention. L’engagement auprès des communautés dans les zones de retour vise à résoudre les conflits liés à la terre et à promouvoir la coexistence pacifique. En outre, les efforts se concentreront sur la sensibilisation aux risques posés par les restes explosifs de guerre et sur la collaboration avec les parties prenantes concernées pour mener des activités de décontamination"
Pour Global Protection Cluster (GPS), un engagement soutenu et fondé sur des principes avec toutes les parties au conflit est essentiel pour prévenir les attaques contre les civils, faire respecter les droits de l’homme et garantir l’accès humanitaire.
"Les acteurs humanitaires doivent établir et respecter des principes d’engagement neutres, indépendants et impartiaux pour garantir l’accès aux populations affectées. Cela implique un dialogue constant avec toutes les parties pour garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave aux populations touchées. Des mécanismes de coordination civilo-militaire solides sont nécessaires pour prévenir toute ingérence dans les opérations humanitaires, réduire les risques pour les civils et garantir le respect du droit international humanitaire (DIH)", ajoute la déclaration.
Par ailleurs, Global Protection Cluster (GPS) précise que les personnes déplacées ont le droit de choisir librement si elles souhaitent retourner dans leur lieu d'origine, s'intégrer localement ou s'installer ailleurs. Tout retour doit être volontaire, sûr et digne, dans le respect des normes internationales.
"Cela implique de veiller à ce que les conditions dans les zones de retour soient sûres, durables et fournissent un accès aux services essentiels tels que le logement, les soins de santé et l’éducation. En outre, les efforts de réintégration devraient inclure un soutien aux moyens de subsistance, une assistance juridique et un suivi de la protection pour empêcher de nouveaux déplacements et promouvoir la stabilité à long terme. L'insécurité croissante et les déplacements affectent de manière disproportionnée les femmes, les filles et les groupes vulnérables (tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées), les exposant à des risques accrus de violence, notamment de recrutement forcé, de viol et d'autres formes d'abus sexuels", a fait remarquer Global Protection Cluster (GPS).
La reprise des combats au Nord et au Sud-Kivu a entraîné des déplacements massifs, avec environ 500 000 personnes nouvellement ou redéplacées, s'ajoutant aux 6,4 millions de personnes déplacées en RDC à la fin de 2024, ce qui en fait l'une des plus grandes crises de déplacement au monde. Les civils, en particulier les femmes et les enfants, sont confrontés à de graves violations de leurs droits humains, notamment des meurtres, des arrestations arbitraires, des violences sexuelles et un recrutement forcé. Au 5 février, au moins 2 900 personnes auraient été tuées dans les hostilités et plus de 3 000 blessées.
Des dégâts importants aux infrastructures publiques ont également été signalés, notamment sur les sites de déplacés internes, les hôpitaux et les centres de santé. À Goma et dans ses environs, plusieurs sites de déplacement ont été abandonnés, démantelés ou détruits, obligeant les personnes déplacées à quitter et à retourner dans leur zone d'origine, malgré l'insécurité persistante et l'absence de garanties de protection. D’autres ont cherché refuge dans les communautés d’accueil et dans diverses structures, telles que des centres de santé, des écoles et des églises à Goma.
Global Protection Cluster (GPC) est un réseau d'organisations non gouvernementales (ONG), d'organisations internationales et d'agences des Nations Unies (ONU) engagées dans des activités de protection dans les crises humanitaires, notamment les conflits armés et les catastrophes. Le GPC est mandaté par le Comité permanent interorganisations (IASC), dirigé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), gouverné par un groupe consultatif stratégique, coprésidé par le coordinateur du GPC et une ONG opérationnelle, et soutenu par une cellule opérationnelle multipartenaire.
Clément MUAMBA