L’institut français de Kinshasa a accueilli, dans salle de cinéma, le 24 et 25 janvier derniers, deux journées dédiées à la recherche sur l’art performance, dans le cadre du festival Kin-Etelemi-Telemi. Placé sous le thème "Litaka" (têtard), cet événement a rassemblé des artistes, des penseurs et des praticiens pour une réflexion approfondie sur les origines et les enjeux de l'art performance en République démocratique du Congo (RDC).
Samedi, la journée de clôture a été marquée par des conférences vives visant à initier le public à cette autre forme de l’art pas trop connue. Tout a commencé avec une conférence sur le « hors format dans l’art de la performance » animée par Eléonore Hello, qui a exploré le lien entre la performance corporelle et la société traditionnelle, mettant un accent particulier sur l'importance des rituels culturels dans la création artistique contemporaine. Son intervention a suscité un vif débat parmi les participants, soulignant la richesse des interactions entre art et culture dans le pays.
S’en est suivie de l’intervention de Pathy Tshindele, qui a porté sur l’héritage du "collectif Eza possible, de Kinshasa wenze wenze aux scénographies urbaines". Il a insisté sur la diversité des pratiques artistiques en RDC, en se concentrant sur l'héritage et l'impact des mouvements artistiques contemporains. Sa présentation a permis d'illustrer comment l’art performance peut servir de vecteur de critique sociale et d’affirmation identitaire.
L’après-midi a été marqué par deux autres conférences; d’abord celle de Prisca Tankwey qui a parlé du discours sur la performance "Léopoldville morning", ensuite celle Sarah Ndele sur le discours sur sa performance "sortir du carcan".
« Le carcan c’est une sorte de peur. Tu as peur d’affronter certaines réalités, de poser les actes qui peuvent te libérer demain », a expliqué Sarah Ndele sur sa performance.
Et d’ajouter :
« Carcan veut simplement dire beaucoup de choses. Et si on veut changer le monde, on doit sortir de zone de confort. Donc, une sorte de pensées archaïques qui nous empêche d’évoluer ».
Le collectif Farata, organisateur de ces journées, a souligné l'importance d'un tel événement pour favoriser un dialogue constructif autour de l’art performance. En partenariat avec Krithika Artprojects, ils ont mis en avant la nécessité de rendre l’art accessible à un public plus large. En dehors du Festival « Kin-etelemi-telemi », le collectif « Farata » est aussi à la base du festival « Kinshasa up », un autre concept des recherches à travers l’art, avec le même objectif de toucher un public non initié par des codes tels que des costumes fabriqués à l’aide des matériaux de récupérations glanés soit dans les poubelles soit achetés dans les magasins.
Cette deuxième édition du festival « Kin-etelemi-etelemi » a ainsi permis de poser des jalons pour une meilleure compréhension de l'art performance en RDC, un domaine en pleine effervescence, mais encore méconnu par une partie du public. Les échanges riches et variés ont renforcé le désir d'une communauté artistique unie et engagée dans la promotion de ses valeurs culturelles.
Les Journées de recherche se poursuivent avec l’objectif de transformer ces réflexions en actions concrètes, favorisant ainsi le développement d'un espace artistique dynamique et inclusif à Kinshasa. La journée s’est par ailleurs conclue avec les performances du collectif Libongo et Mpeve, pour le plus grand plaisir du public.
James M. Mutuba