Exposition “Cordée de femmes, Ngayi” à Paris : la photographe congolaise Anastasie Langu interpelle sur la situation de la femme dans l’Est de la RDC

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Des œuvres d'Anastasie Langu dans l'exposition “Cordée de femmes, Ngayi”

L’artiste visuelle congolaise Anastasie Langu Lawinner participe à l’exposition dénommée “Cordée de femmes, Ngayi” à Paris, au Campus des innovations culturelles depuis le 21 janvier dernier. Dans ses œuvres proposées, elle utilise la fonction sociale de l’art aussi bien en tant que marqueur identitaire pour contribuer à forger l'identité africaine, qu’en tant qu’instrument politique pour poser sa critique sociale.

La voix de ses oeuvres se fait entendre dans le sens de l’amélioration de la condition de femme dans la partie Est de la RDC en proie à une insécurité horrifiante depuis 3 décennies, orchestrée par des mouvements rebelles dont le plus connus est le M23 qui du reste est soutenu activement par le Rwanda. Avec elle, la cessation des hostilités pour que la paix revienne dans ce coin du pays. Anastasie propose des photos, une vidéo et des installations comme canaux pour mettre sa main à la pâte de la recherche de la paix en RDC.

Anastasie Langu est partie du mot “Ngayi” du thème pour proposer un narratif à ses œuvres, le terme signifiant “Moi” ou “Aigre” en Lingala.

« J’accentue sur le mot ngayi parce qu’aujourd’hui la situation de la femme à l’Est de mon pays ne s‘améliore pas. La femme de mon pays est toujours victime d’agressions et ça fait plus de 30 ans que ça dure », a rappelé Ansatasi Langu à ACTUALITE.CD

Dans une des ses photos, une femme ligotée, synonyme de limitation et de discrimination qu’elle subit dans les entrailles du système. Dans une photographie, elle représente des enfants pour dénoncer le fait qu’ils sont les victimes collatérales de la situation générale du pays, certains travaillent dans les mines à cause de la situation sociale dans la partie sud-ouest. Elle parle aussi de la promotion de la culture africaine qu’elle compte transmettre à ces enfants pour ne pas oublier leurs repères et notamment être bien dans leur couleur de peau.

Faisant référence à la situation dans l’Est de la RDC, Anastasie veut montrer au monde que la situation de la femme dans ce coin ne va pas bon train et c’est d’autant plus générale pour toute la sécurité de la population dans la partie Est de la RDC. Elle espère porter la voix pour le changement de cette situation.

« Je veux passer un message fort par rapport à la guerre surtout, dans l’Est de mon pays. Il y a une vitrine dans l’exposition avec des journaux qui racontent ce qu’on écrit sur cette guerre. J’ai choisi des affiches, des mots, des sites, je les affiche dans la salle. C’est pour sensibiliser sur l’horreur dans l’Est de mon pays », a souligné Anastasie Langu.

A côté de 2 photos accrochées, une installation d’une femme sans bras interpelle sur la liberté systématique de la femme.

« C’est une façon de dire que quand quelqu’un n’est pas libre, quand il ne s’exprime pas comme il veut, il ne peut pas vivre dans sa maison calmement sans que les armes le surprennent, cette personne est démembrée, elle peut pas se défendre », déplore Mme Langu.

Dans un autre installation, elle lance un message d’espoir, représentant une femme qui porte une couronne mais avec une tête baissée comme pour dire que malgré toutes les atrocités, la femme a une force en elle pour trouver comment guérir. Dans une vidéo Anastasie cite nommément les injustices qui existent autour de la femme, comment elle peut laisser ça derrière elle, se battre et arriver à guérir. L’artiste visuelle a fait aussi des cartographies où elle a pointé des points, dans le monde, où jusqu’à présent les femmes subissent des discriminations et des violences.

Cette exposition est organisée par ISEA Art & Culture dans le cadre de la journée de la culture africaine et des afro descendants, célébrée le 24 janvier, jour du vernissage de cette exposition. Du point de vue culturelle, cette activité permet de commémorer le passé et de questionner le futur. L’exposition dure jusqu'au 31 janvier.

Kuzamba Mbuangu