Situation sécuritaire à Goma : Nuit du livre, concert de RJ Kanierra … plusieurs activités culturelles suspendues

Formation au piano au Foyer culturel de Goma
Formation au piano au Foyer culturel de Goma

La situation sécuritaire dégradante dans la partie Est de la RDC ne laisse aucun secteur de la vie de côté. L’économie, la télécommunication, l’énergie et bien d’autres sont autant touchés, particulièrement dans la ville de Goma qui faisait jusqu’ici office de refuge pour plusieurs déplacés. Cependant le chef-lieu du Nord-Kivu est aussi touché ces derniers jours et sa culture aussi.

En effet, la question de suspension ou de report sine die des manifestations culturelles a défilé dans la tête des organisateurs d’activités depuis le début de la semaine jusqu'à en arriver à la décision finale. “ On ne peut pas mettre ceux qui nous fréquentent en danger ”, indique, à ACTUALITE.CD, Augustin Mosange, Directeur du foyer culturel de Goma.

Parmi les activités culturelles touchées par la situation, il y a la nuit de la lecture avec débat autour du livre de l’écrivain congolais Blaise Ndala “J’irai danser sur la tombe de Senghor”. Alors que l'événement s’annonçait innovant et prometteur avec un concept autour du feu, le Foyer culturel qui devait l’accueillir a été renvoyé à une date ultérieure.

“ Ce samedi, on devait avoir la nuit du livre, nous devrions réunir les amoureux de la lecture à Goma autour du feu, autour d’un ouvrage, en collaboration avec Mlimani éditions. La situation dans la ville ne permet pas qu’on réunisse les gens tard la nuit ou reçoive les enfants dans l’après-midi ”, souligne Augustin Mosange.

Les activités pédagogiques sont également suspendues au Foyer culturel qui n’est pourtant pas le seul espace des jeunes et de culture à être contraints à cette éventualité. L’Institut Français de Goma a également annulé le concert de RJ Kanierra, l’artiste chanteur congolais sur une bonne dynamique de carrière qui en est à sa deuxième annulation de concert dans la ville. Il joue cependant à Bukavu ce samedi à l’Institut Français de Bukavu.

En termes de message à porter pour faire entendre la voix de la jeunesse dans cette situation sécuritaire, Augustin Mosange garde espoir même si la situation alarmante ne fait que durer.

“Je me retrouve dans le sentiment de dire qu’on a déjà tout dit, tout proposé. On est au bout dans cette région. J’espère que l’espoir renaîtra au bout de ce tunnel sombre que nous sommes en train de traverser. On espère que le peuple de Goma restera résilient comme il a toujours été et qu’on pourra revoir le soleil, avoir un sourire dans cette région qui nous a tout pris ”, espère-t-il.

Au Foyer culturel de Goma, toutes les activités seront reprogrammées une fois la situation calme. “On pourra revenir pour montrer le courage et la bravoure que nous avons”, a conclu M. Mosange.

Qu’il soit annulation ou suspension, les répercussions économiques et en termes d’énergie du personnel sont autant un coup pour le moral. Les dépenses énormes sont parfois sans retour positif, une nécessité, une obligation mais une exaspération pour une situation sécuritaire en dents de scie depuis 3 décennies.

Le festival Amani a connu les mêmes difficultés en novembre 2024. Initialement prévu en février puis en juin, le festival s’est finalement tenu du 14 au 17 novembre 2024. Malgré les défis sécuritaires, il a célébré une décennie de plaidoyer pour la paix à travers la musique, réunissant artistes congolais et internationaux. Même si le programme a connu un bouleversement dû à l’annulation du festival à la veille puis sa réautorisation, obligeant les organisateurs à décaler de nombreux programmes et ne plus tenir d’autres.

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Kuzamba Mbuangu