RDC-Ouganda : l’opération Shujaa entame sa quatrième année

Arrivée à Beni des chefs d'état-major des FARDC et de UPDF
Arrivée à Beni des chefs d'état-major des FARDC et de UPDF

Lancée le 30 novembre 2021, l'Opération Shujaa, initiative militaire conjointe entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), marque aujourd'hui son troisième anniversaire. Cette opération avait pour objectif principal de neutraliser les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle accusé de massacres de civils dans l'est de la RDC et d'attentats terroristes en Ouganda.

Depuis son lancement, plusieurs bastions des ADF ont été démantelés, notamment dans les territoires de Beni et d'Irumu. En septembre 2024, une opération conjointe a permis de détruire une base importante des ADF entre les villages de 47 et Kota-Okola, près de Mamove. En mai 2024, les FARDC et l'UPDF ont réaffirmé leur engagement lors d'une évaluation conjointe, soulignant les succès partiels de l'opération dans la lutte contre les groupes terroristes.

Cependant, malgré ces avancées, des défis persistants demeurent. Selon le Groupe d'Étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, dans un rapport publié en 2022, les résultats de l'opération restent "mitigés". Ces organisations soulignent que les objectifs initiaux, notamment la neutralisation totale des ADF, n'ont pas été atteints. Des contraintes logistiques et une coordination parfois défaillante entre les deux armées ont limité l'efficacité des opérations sur le terrain.

En novembre 2024, des experts militaires des deux pays se sont réunis à Kinshasa pour dresser un état des lieux de l'opération. Cette rencontre faisait suite à des discussions entre les présidents Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni, réaffirmant leur volonté commune de poursuivre la collaboration contre les ADF. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, avait souligné, lors du lancement de l'opération, que cette alliance militaire visait à "restaurer la paix et la sécurité" dans les régions touchées par les exactions des ADF.

Toutefois, des voix critiques se sont élevées. Le GEC a mis en avant des soupçons d'intérêts économiques sous-jacents à l'intervention ougandaise, notamment la sécurisation des routes commerciales et des ressources minières dans l'est de la RDC. L'ONU, dans un rapport de 2023, a également relevé une baisse d'intensité des opérations, attribuée à des problèmes logistiques et à la complexité du terrain.

Alors que l'Opération Shujaa entre dans sa quatrième année, les perspectives restent floues. Si la collaboration militaire a permis de contenir partiellement les ADF, ces derniers continuent de représenter une menace importante dans la région. Les appels de la communauté internationale à une intensification des efforts, associés à une meilleure coordination et des moyens accrus, restent sans réponse claire.

En dépit des défis, les FARDC et l'UPDF ont réitéré leur engagement à stabiliser les provinces de l'est de la RDC. Mais pour de nombreux habitants, les impacts réels de cette opération se mesurent encore au quotidien, entre espoirs et frustrations face à une insécurité toujours présente.