Trente ans après, Kinshasa célèbre l’héritage éternel d’Abeti Masikini

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Abeti Masikini

Kinshasa, capitale culturelle de la République Démocratique du Congo, a vibré d’émotion ce samedi 28 septembre 2024, alors que le Ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine a organisé un vibrant hommage à Abeti Masikini, figure légendaire de la musique congolaise et africaine. Cet événement marquant, organisé à l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de la "reine du soukous", a rassemblé artistes, proches et acteurs culturels pour une journée de commémoration qui a mis en lumière l'héritage durable de cette pionnière.

L'événement a débuté par un moment de recueillement au cimetière de la Gombe, où repose l’illustre chanteuse. Famille, amis et collègues ont ainsi eu l’occasion de rendre hommage à Abeti Masikini, avant de rejoindre le Ministère de la Culture.

La cérémonie s'est poursuivie par un exposé scientifique, dirigé par Maître Théodore Nganzi, Directeur de Cabinet Adjoint au Ministère. Cet échange a permis de célébrer non seulement l'œuvre musicale de l'artiste, mais aussi d’aborder des questions cruciales liées à la gestion des droits d’auteur, en particulier pour les œuvres des artistes disparus.

À la tête de cette initiative, la Ministre Yolande Elebe Ma Ndembo a accueilli avec émotion la famille biologique de l’artiste, ainsi que des dizaines de personnalités culturelles et artistiques. Dans son discours, la Ministre a souligné l'importance de préserver la mémoire collective et de protéger l’héritage inestimable laissé par Abeti Masikini. « Abeti est une figure emblématique qui a non seulement marqué la musique congolaise, mais aussi influencé toute la scène africaine. Il est de notre devoir de continuer à faire vivre son œuvre et à sensibiliser sur les enjeux des droits d'auteur », a-t-elle déclaré.

Véronique Finant, sœur de l’artiste, a exprimé sa reconnaissance pour cette première commémoration officielle à l’échelle gouvernementale : « Voir le gouvernement se mobiliser pour honorer la mémoire de ma sœur est une première. Toute notre famille remercie la Ministre pour ce geste d’une grande portée ».

Un héritage toujours vivant

Au-delà du simple hommage, cette journée a pris la forme d’un véritable moment de réflexion sur le rôle des artistes dans la construction de l’identité culturelle congolaise et africaine. Les œuvres d’Abeti Masikini, sublimement interprétées au cours de la cérémonie, ont résonné comme un rappel poignant de l'impact qu’elle continue d'avoir sur la scène musicale.

Pionnière du "soukous", Abeti a su, de son vivant, mêler modernité et traditions, influençant non seulement ses contemporains, mais également des générations entières d’artistes, tant en Afrique qu’à l’international.

Cet hommage a également permis d’aborder des enjeux cruciaux liés aux droits d’auteur, un thème cher à la Ministre Yolande Elebe Ma Ndembo. Depuis son entrée en fonction, la Ministre a fait de la protection des œuvres des artistes son champ de bataille, créant une commission de travail dédiée et organisant plusieurs tables de concertation avec des experts juridiques. Ces actions visent à garantir une meilleure gestion des droits d'auteur, notamment pour les artistes décédés dont les œuvres continuent à générer un intérêt commercial.

Abeti Masikini, qui a laissé derrière elle un répertoire riche et varié, reste un exemple de l’importance de cette lutte. Le Ministère a profité de cette commémoration pour rappeler aux acteurs culturels la nécessité de défendre les droits des artistes, qu'ils soient vivants ou décédés, afin de préserver la pérennité de leur héritage artistique.

Grâce à l’engagement du Ministère de la Culture, cet hommage à Abeti Masikini marque un tournant dans la valorisation du patrimoine artistique congolais. Il témoigne de la volonté des autorités de non seulement honorer les figures emblématiques comme Abeti, mais aussi de sensibiliser sur l’importance de la mémoire collective et de la protection des droits des artistes.

En célébrant cette légende 30 ans après sa disparition, la RDC rappelle que les artistes, même disparus, continuent de vivre à travers leur musique et leur contribution à l’histoire culturelle du pays.

James M. Mutuba